Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Le Siège de Dijon en 1513
10/01/2014

Au cœur des Guerres d'Italie

Au croisement entre les Guerres d'Italie et la succession de la Bourgogne après la mort de Charles le Téméraire en 1477, le Siège de Dijon traduit un moment de l'histoire où les grandes nations européennes – la France, la Suisse, le Saint-Empire romain germanique et l'Espagne – s'affrontent pour étendre leur territoire et imposer leur suprématie. Même si Dijon n'est pas la seule ville qui voit ses remparts attaqués, elle se démarque des autres villes médiévales assiégées car elle reflète un moment symptomatique d'une Europe des États en guerre. Autrement dit, ce moment qui s'avère être un des premiers conflits européens, est annonciateur des guerres européennes des 16e et au 17e siècle, avec la Guerre de Trente ans notamment.

À la fin du 15e siècle, le potentiel économique et artistique de l'Italie fait l'objet de nombreuses convoitises. Les Français ambitionnent de s'en emparer pour en faire une chasse gardée et édifier une "France-Italie". Le roi de France Charles VIII avait déjà tenté d'annexer certains États tels que le Royaume de Naples, mais sa conquête s'était très vite soldée par un échec et une retraite en France. En 1499, son successeur, Louis XII reprend les opérations. Il s'empare du Duché de Milan avec l'aide des Vénitiens, puis du Royaume de Naples quelques temps après. Cette mainmise française est très mal perçue par le Pape mais également par des puissances telles que l'Espagne, le Saint-Empire et l'Angleterre. Ceux-ci répondent à cette menace par une coalition contre la France dans une Sainte Ligue. Ils s'allient pour la déstabiliser non seulement sur le territoire italien mais aussi sur ses autres frontières. En 1512, les Français se voient forcés de fuir l'Italie et de se replier sur leurs terres. Le répit est de courte durée puisqu'un an plus tard, ils sont attaqués à la fois dans le Nord du royaume par les Anglais et les Impériaux et sur la face Est, en Bourgogne, par ces mêmes Impériaux aidés des Suisses et des Franc-comtois. Ces derniers, restés le sujets des héritiés de la maison de Bourgogne, les Habsbourg, s'impliquent dans la bataille car ils possèdent une partie de la Bourgogne, la Franche Comté, mais désirent en récupérer la seconde partie, le Duché de Bourgogne, tombé aux mains des Français à la mort de Charles le Téméraire.

Siège de dijon

«En tant que capitale régionale du duché de Bourgogne, Dijon est importante car c'est la ville qu'il faut symboliquement abattre si l'on veut faire tomber le pouvoir français», assure Alain Marchandisse. Et Jonathan Dumont de renchérir: « Le Siège de Dijon résulte de plusieurs choses: une volonté de créer une France-Italie dans le giron du pouvoir royal français, une volonté pour les Français qui se sont réinstallés dans le duché de Bourgogne, resté pendant longtemps bourguignon, de renforcer leur emprise encore instable et fragile. Le roi de France avait conscience que malgré le retour du pouvoir royal, certaines personnes parmi les élites étaient nostalgiques de l'époque des Ducs de Bourgogne et qu'un discours évoquant l'indépendance ou le retour de la Bourgogne aux héritiers du Duc pouvait faire pencher la balance de l'autre côté. Et enfin, une volonté pour les ennemis de profiter de la fragilité du royaume de France pour lui porter le coup de grâce qui le fera tomber.»

Ses talents de négociateur et de fin stratège ont permis au gouverneur de Dijon, Louis II de La Tremouille, de sauver la ville et plus généralement la France d'un sort funeste. En organisant la résistance de la cité, en soutenant psychologiquement et moralement les troupes et, surtout, en faisant prévaloir un sens de la diplomatie inégalable à l'égard de ses ennemis, il parvient à négocier le retrait des belligérants et plus particulièrement des troupes suisses à qui il promet des compensations financières faramineuses.

Page : précédente 1 2 3 suivante

 


© 2007 ULi�ge