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La fièvre de l’or : une histoire millénaire
17/12/2013

Outre le danger environnemental, l’exploitation des mines constitue également une véritable menace sanitaire. L’orpaillage – ou la recherche d’or « non organisée », en dehors des grosses compagnies minières – existe depuis des milliers d’années, avant même que les chercheurs ne s’organisent en sociétés minières. Il est aujourd’hui toujours très répandu. Des millions de personnes y sont employées dans le monde entier. Cette pratique incontrôlable - dès qu’il y a de l’or, les gens sont hors contrôle - a toujours été dangereuse, non seulement parce que les parois des trous menacent régulièrement de s’effondrer mais aussi et surtout d’un point de vue sanitaire. « Quand une personne trouve une paillette d’or, elle ne peut pas garder ça pour elle. Elle appelle ses voisins, qui eux-mêmes ramènent une meute de personnes sur un très petit territoire. Ils s’organisent entre eux pour rechercher l’or en se répartissant les tâches. Certains creusent le trou, d’autres remontent les seaux, tandis que les femmes cassent les cailloux à l’aide de petits marteaux. Une fois l’or trouvé, d’autres personnes affluent telles des vautours, offrant de l’argent aux chercheurs. Les orpailleurs les plus malins rentrent alors chez eux pour aider leur famille. Mais la plupart des malheureux qui ont peiné dans la chaleur et la poussière achètent de l’alcool et « s’offrent » une femme. On a constaté que ces camps d’orpailleurs étaient un chancre d’infection de sida. A cela s’ajoutent toutes les maladies causées par la poussière et la malnutrition. Finalement, les personnes qui gagnent de l’argent ne sont pas les orpailleurs mais bien les acheteurs d’or ainsi que les vendeurs de bière et d’eau, usant de prix prohibitifs. »

En dépit de ces dangers évidents, l’orpaillage est à l’origine de nombreuses découvertes. En général, les orpailleurs travaillent le sol jusqu’à une profondeur moyenne de 30 mètres, après quoi ils souffrent de problèmes d’aération et abandonnent. Aidées d’un matériel plus pointu et d’un équipement adapté, les compagnies privées reprennent alors les recherches, descendant jusqu’à 100 voire 200 mètres de profondeur. Attirées par les zones où se pratique l’orpaillage, ces sociétés attendent que les orpailleurs achèvent la fouille en surface pour reprendre les recherches en profondeur, ce qui leur a déjà permis de tomber sur de véritables trésors.

Orpailleurs Kapoeta
L’or belge : une réalité ?

Plusieurs zones sont connues pour être riches en or : la cordillère andine, l’Afrique occidentale, les anciennes ceintures volcaniques d’Australie, d’Afrique du Sud, d’Inde ou du Canada. Le potentiel aurifère de la Belgique passe pour sa part plus inaperçu… Et pourtant ! Pierre J. Goossens est convaincu de l’importance des ressources d’or belges : « En Belgique, on devrait s’attacher à la présence d’or. L’or belge existe mais personne n’y a jamais prêté grande attention. Certains endroits en Belgique sont pleins de promesses mais on ne s’y intéresse pas car on a perdu la tradition. Lorsqu’on évoque les exploitations minières, la plupart des gens pensent d’abord aux mines de charbon, dans lesquelles les enfants de 12 ans passaient des heures, et dont les parents revenaient tout noirs avant de dépenser leur argent à boire. C’est Germinal de Zola. On a oublié que les mines sont devenues propres. Beaucoup de mines utilisent aujourd’hui des robots, et non plus des hommes. En Irlande, les mines sont invisibles dans le paysage. Seul transparaît, au milieu des prairies remplies de vaches, un monticule avec une porte bétonnée par laquelle passent les camions. En Belgique, tout comme en France, la population a peur des mines, qui ont la réputation de polluer ou de créer des problèmes. Mais, lorsqu’un état comme le nôtre a besoin de nouvelles industries, le gouvernement devrait penser à la richesse présente dans le sous-sol : non seulement l’or mais aussi le zinc, l’argent et le plomb, tous présents en quantités extrêmement importantes. »

En attendant la mise au jour de cet eldorado belge, la quête du métal précieux a encore de beaux jours devant elle. La quantité d’or découverte dans les mines identifiées est estimée à 100.000 tonnes. En outre, nombreux sont les territoires susceptibles de renfermer des trésors et nul ne peut encore évaluer le potentiel aurifère des fonds marins. Affaire à suivre donc !

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