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La fièvre de l’or : une histoire millénaire
17/12/2013

Forty niner FRBien plus tard, l’or se démocratise une seconde fois. En 1848, de l’or est découvert en Californie. Près de 2,5 millions de personnes venues du monde entier se ruent alors vers les Etats-Unis dans le but d’y faire fortune. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, ce ne sont pas des états ou des entités qui cherchent l’or mais des hommes. Ces hommes pleins d’espoir – des Chinois, des Russes et des Européens – s’organisent en coopératives pour travailler. Ils récupèrent l’or pour eux-mêmes, et non pour d’autres. L’or appartient à celui qui le découvre.

Malgré ce pouvoir d’attraction historique, la quête de l’or n’a pas toujours eu le succès qu’elle remporte actuellement. Il y a seulement quelques décennies, l’exploitation des gisements était rarement rentable. « A l’époque où j’entame ma carrière en 1965, on ne cherche pas d’or, confirme Pierre J. Goossens. Le prix de l’or est fixé par les Etats à 35$ l’once (soit les 31,1 g). Les méthodes d’analyse pour l’or sont rares et chers. On estime qu’il existe suffisamment d’or dans le monde ainsi que de mines qui en produisent ».

Ce n’est qu’à partir du début des années 1970 qu’est inventée, aux Etats-Unis, une méthode facile et bon marché d’analyse de l’or, l’absorption atomique. Lorsque les Etats-Unis abandonnent l’étalon-or en 1971, le marché se libéralise et le prix de l’or augmente de manière significative. Il atteint une moyenne annuelle de 800$ l’once, en 1980. Dans le même temps, le prix des autres méthodes, nécessaires à l’analyse de l’or, diminue. La conjonction de ces différents facteurs pousse les compagnies, mais aussi les individus isolés, à se lancer à la quête du métal noble. De nombreuses mines abandonnées au Canada, en Australie ou aux Etats-Unis réouvrent leurs portes, dotées d’un nouveau potentiel. Au cours du XXe siècle et au début du XXIe siècle, la production minière d’or explose.

Une histoire pas toujours dorée

« Rechercher de l’or, c’est un peu comme rechercher une aiguille dans une botte de foin » compare Pierre J. Goossens. Dans la plupart des exploitations, quelques particules d’or sont dispersées dans une roche de plusieurs tonnes. L’investissement pour les mettre au jour est donc considérable et doit être contrebalancé par les bénéfices. Quelques grammes d’or suffisent cependant à rentabiliser une fouille. « Dans les exploitations à ciel ouvert, un gramme d’or dans une tonne de roche, cela reste rentable » indique l’expert. Quand l’or est sous-terrain, son coût est plus prohibitif. Un gisement doit contenir au moins 5 ou 6 grammes d’or par tonne de roche pour être exploité, ce qui reste très peu en comparaison avec certaines mines dans lesquelles sont enfouis près de 50 grammes d’or/tonne. Pour libérer l’or qu’elle renferme, la roche est généralement broyée, avant d’être astreinte à différentes méthodes chimiques. Le mercure a notamment la propriété d’isoler l’or incrusté dans la roche.

L’inconvénient de ces techniques chimiques est qu’elles laissent derrière elles des résidus contenant des produits nocifs. Ceux-ci sont canalisés dans un étang, souvent artificiel, protégé par des digues afin que les produits chimiques n’affectent pas les nappes phréatiques. En pratique, des sociétés peu sérieuses négligent parfois ces éléments. Les digues laissent alors s’échapper les produits toxiques qui se déversent dans les rivières. En Roumanie, il y a quelques années, la rupture des digues avait provoqué une véritable catastrophe environnementale. Les eaux souillées avaient atteint le Danube. Un accident similaire avait également affecté la Guyana.

Sur les milliers de mines en exploitation, seuls ces deux cas de pollution extrême sont connus de l’expert minier. Le problème peut selon lui être contrôlé si l’on y attache le financement nécessaire. Néanmoins, dans l’esprit des populations locales, la peur de la pollution est réelle, freinant parfois les fouilles, en dépit des avantages considérables d’une mine pour l’économie locale. Les revenus d’une mine d’or à travers la fiscalité rapportent beaucoup au pays. Malheureusement, la corruption des gouvernements est souvent telle que l’argent ne profite en général pas à la population.

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