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Quand le travail épuise
22/10/2013

Burn out

A l’aide d’une fiche de dépistage, les médecins participants étaient invités à détecter les cas de burnout au sein de leurs consultations. En trois mois, près de 1000 cas de burnout ont été récoltés et analysés. « à partir de ces différents cas, nous avons établi des tableaux de fréquence reprenant les symptômes et les facteurs de l’environnement de travail les plus cités dans les situations de burnout », poursuit la psychologue du travail.

La prévalence se chiffre à environ 0,8% de l’échantillon (1089 cas sur 135131 contacts patients/travailleurs) lorsque l’ensemble des cas est considéré. Cela représente près de 19 000 travailleurs à travers la Belgique. Ceci ne représente cependant que la pointe de l’iceberg car une partie des travailleurs luttent pour pouvoir rester actifs dans le monde du travail et ne consultent pas un professionnel de la santé bien qu’ils présentent certains signes précoces de burnout. Même si la comparaison est difficile vu la spécificité de la méthodologie utilisée, ces résultats peuvent être rapprochés d’une étude macro-économique réalisée en France en 2000. Cette étude estime que 1 à 1,4% de la population active en France en 2000 est touchée par une pathologie liée au stress.
Au-delà de l’étude de prévalence, les données récoltées par les médecins ont permis de confirmer le bien-fondé des critères diagnostiques. Tous les symptômes repris sur la fiche de détection, qui avaient été répertoriés sur base de la littérature et de focus-groupes rassemblant des professionnels de la santé, ont été fréquemment évoqués par les travailleurs. Les plus importants étant une diminution de l’énergie (cité par 53 % des patients), des plaintes neurovégétatives et fonctionnelles (52,6 %), une diminution de la motivation (48,4 %), de l’asthénie (45,7 %), de la frustration (44,4 %) et de l’irritabilité (41 %).  Le symptôme le moins cité, la perte de l’idéalisme, l’a tout de même été par 18 % des patients. Aucun nouveau critère n’a été détecté mais l’expérience a permis de valider les critères de diagnostic existants.

Au travers de cette fiche de détection, l’objectif est d’offrir aux professionnels de la santé un outil afin de les aider à déceler les cas de burnout. Situés en première ligne, les médecins généralistes sont les plus concernés (le travailleur se rend plus rarement chez le médecin du travail proposé par l’employeur pour lui faire part de son mal-être au travail). Or, ces médecins sont peu formés à détecter le burnout. Dans la pratique, certains symptômes d’épuisement professionnel semblent en effet difficiles à identifier. La fiche de détection a pour but de sensibiliser les professionnels de la santé à la thématique du burnout, de les guider dans leur diagnostic et de les aider à différencier l’épuisement professionnel de la dépression ou d’autres pathologies proches.

L’innovation apportée par cet outil est qu’il passe par le diagnostic de professionnels de la santé à travers un jugement clinique plutôt que par une auto-évaluation du travailleur. Tous les outils préexistants comprenaient un questionnaire au travers duquel le travailleur se positionnait sur une échelle et évaluait lui-même son propre burnout. « Notre optique était une évaluation par un professionnel qui pose un diagnostic. C’est dans ce cadre que nous avons créé un outil de détection du burnout » affirme Isabelle Hansez, directrice de la recherche

Prévenir avant de guérir ?

En 2012, sur base d’une approche participative des professionnels de la santé, une seconde phase de la recherche a permis d’une part d’améliorer l’outil de détection.  Un guide d’utilisation a  été créé afin d’expliquer aux médecins comment remplir la fiche et de décrire plus précisément les symptômes liés au burnout. L’accent a également été mis sur les profils à risque, notamment les travailleurs ayant des attentes élevées ou qui manifestent une sur-implication par rapport à leur travail.

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