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Quand le travail épuise
22/10/2013

Dépression ou épuisement professionnel ?

Les symptômes du burnout sont souvent assimilés à ceux de la dépression. Les manifestations physiques, cognitives et comportementales exprimées dans ces deux situations de mal-être sont quasiment analogues : troubles du sommeil, asthénie, frustration, diminution de la motivation, tendance à s’isoler, etc.

Les deux phénomènes doivent cependant être distingués. Le burnout trouve son origine dans le travail, là où la dépression s’étend à tous les aspects de la vie de la personne touchée. Comme le souligne sa définition, le burnout résulte d’un écart entre les attentes du travailleur et la réalité professionnelle.

Même si elle n’a pas le goût au travail, une personne souffrant de burnout peut rester enthousiaste dans sa vie privée. La dépression comprend pour sa part une baisse de l’estime de soi, qui n’apparaît pas toujours en cas d’épuisement professionnel.

Toutefois, le burnout, s’il s’étend à la vie privée, peut évoluer vers la dépression. Tandis que la dépression peut prédisposer au burnout. La frontière entre travail et vie privée est si mince qu’il est parfois difficile de faire la part des choses mais aussi de diagnostiquer adéquatement un cas d’épuisement professionnel.

Le Modèle Contraintes-Ressources

L’étude sur le burnout menée par l’équipe d’Isabelle Hansez s’appuie sur le cadre conceptuel du Job Demands-Resources Model ou Modèle Contraintes-Ressources, datant du début des années 2000.  « Ce modèle, issu du courant de la psychologie positive, est intéressant parce qu’il ne se focalise pas seulement sur les contraintes du milieu de travail mais aussi sur les ressources » rapporte Isabelle Hansez.

Le modèle identifie d’abord un processus de perte énergétique : les contraintes du travail engendrent une perte d’énergie, de l’épuisement et le risque de développer un burnout, avec à long terme des problèmes de santé  et d’absentéisme. Au contraire, d’autres caractéristiques du travail constituent des ressources. Elles ont un potentiel motivationnel : plus les ressources dans le travail sont importantes, plus le travailleur se sent stimulé, engagé et valorisé dans son emploi, moins il a envie de quitter l’entreprise et de s’absenter de manière fréquente.

Les principales contraintes identifiées par les travailleurs en situation de burnout sont la charge de travail, la pression temporelle et les changements organisationnels. Partie intégrante du quotidien des travailleurs, ils ont un impact très fort sur le ressenti du travail. Le soutien du supérieur hiérarchique, le respect et la reconnaissance font souvent défaut, alors que ces ressources permettraient aux travailleurs non seulement de sentir biens, mais aussi d’être engagés et valorisés dans leur travail.

Dans un contexte où les contraintes sont énormes et dictées par la compétitivité internationale, l’intérêt de ce modèle est qu’il permet de réfléchir avec l’entreprise aux leviers qui peuvent être activés pour améliorer les ressources. Restaurer un management de proximité, préserver une qualité de travail élevée, clarifier certaines procédures,  offrir des objectifs et des projets intéressants sont des ressources que l’on peut proposer aux travailleurs.

Comment détecter le burnout ?

L’un des objectifs de la recherche sur le burnout était de mesurer l’ampleur du phénomène en Belgique. « Nous nous sommes demandés combien de personnes pouvaient être touchées en Belgique, explique la chercheuse, Julie De Cia.

épuisement stress

Interroger tous les travailleurs belges était impossible. Nous avons donc opté pour un recensement des cas de burnout via les consultations des professionnels de la santé. Nous avons ainsi constitué un échantillon de médecins à travers la Belgique. Sur base volontaire, nous avons recruté un total de 346 médecins généralistes et médecins du travail. Pour mesurer l’ampleur du phénomène, plutôt que d’utiliser les outils existants de la littérature, qui sont des questionnaires d’auto-évaluation ( le travailleur évalue lui-même ses symptômes), nous avons choisi de créer notre propre outil de détection par des professionnels de la santé ».

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