Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Miroir, mon beau miroir…
02/10/2013

 Principe lentille gravitationnelle

En effet, si la source, le déflecteur et l'observateur ne sont pas parfaitement alignés, les chemins optiques empruntés par les rayons des différentes images diffèrent. En conséquence, si le flux émis par la source varie au cours du temps, ces variations vont se marquer avec un certain décalage temporel dans les différentes images. Une partie de ce retard est dû à la différence géométrique des trajets des rayons. Mais ce n’est pas tout. Pendant qu’un des deux rayons parcourt un trajet plus long que l’autre, l’univers continue son expansion, et le deuxième rayon se propage sur une distance d’autant plus longue du fait de cette expansion. Comme si deux personnes courraient après un bus en mouvement. La première, ayant une course plus courte de deux mètres que la deuxième, atteindra le bus avant, mais la deuxième personne courra davantage que deux mètres supplémentaires avant de rejoindre le bus. La distance parcourue par cette deuxième personne à laquelle on soustrait les deux mètres la séparant de l’autre donnera la distance parcourue en plus par le simple fait que le bus roulait.
La mesure des délais temporels existant entre les différentes images permet d'estimer la valeur de la constante de Hubble, mesure de la vitesse d'expansion de notre univers.

D’un point de vue plus global, l’ensemble de ces observations va permettre de créer un échantillon statistique permettant de tester le modèle de l’univers communément admis.  En effet, le nombre de sources multiplement imagées par effet de lentille gravitationnelle parmi un population de quasars détectés, est fortement dépendant du modèle d'univers, ou plus précisément, de la densité de masse cosmologique (la fraction de en matière de l'univers). Donc, une fois que nous aurons détecté les quasars avec l'ILMT et, parmi eux, les mirages gravitationnels présents, nous pourrons trouver la valeur de la densité de masse cosmologique qui permet de  rendre compte de la fraction observée de sources multiplement imagées. Et nous contraindrons par ce fait le modèle de notre univers.

Et après ?

Pendant quatre ans, François Finet a contribué au développement du télescope et à l’encadrement théorique de l'exploitation des données qui seront acquises. Et aujourd’hui, il s’envole pour l’Inde, où enfin, l’ILMT pourra montrer ce qu’il a dans le ventre. Ou plutôt dans les yeux. Le jeune astrophysicien sera présent pour son assemblage, son calibrage et ses premières observations. « On espère déjà détecter des candidats quasars dans les quatre premiers mois d'observation, se réjouit-il, pour pouvoir rapidement effectuer un premier retour scientifique. »

Pendant ce temps, la technologie des télescopes à miroirs liquides convainc de plus en plus de scientifiques. Des études de faisabilité sont en cours pour en envoyer dans l’espace, à bord d'un satellite. Un autre projet encore plus ambitieux serrait d’en envoyer un de cent mètres de diamètre sur la lune. Le mercure pourrait également être remplacé par d’autres métaux réactifs à un champ magnétique pour influencer leur rotation et générer des miroirs sphériques et non plus paraboliques. Enfin, l'utilisation d'un télescope à miroir liquide utilisant un miroir secondaire mobile est également à l'étude. Ceci permettrait dès lors de pointer vers un objet donné avec un télescope à miroir liquide. Le télescope à miroir liquide ne serait alors plus un spectateur passif et fixe de notre univers et ce, pour un coût défiant toute concurrence. Mais si la technologie fait rêver, tous ces projets sont encore au stade embryonnaire de l’hypothèse et de la théorie. En attendant, l’ILMT, lui, a dépassé ce stade, et s’apprête à scruter insatiablement le ciel défilant à son zénith.

Page : précédente 1 2 3 4 5

 


© 2007 ULi�ge