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Dépister la cardiomyopathie peripartum
14/05/2013

« La cardiomyopathie du peripartum est difficile à dépister car les symptômes qui la caractérisent sont très similaires aux symptômes associés à la fin de la grossesse et aux mois qui suivent la naissance : difficulté à respirer, grosse fatigue, palpitations, … », explique Ingrid Struman, Chercheur Qualifié F.R.S.-FNRS et chef de projet à l’Unité de recherche Biologie moléculaire et Génie génétique du GIGA (Université de Liège). Et pourtant il s’agit bien d’une maladie dont les conséquences peuvent être dramatiques. « Cela consiste en une dilatation du ventricule gauche du cœur qui se traduit par un moins bon fonctionnement de la pompe cardiaque. La récupération cardiaque peut s’améliorer au fil des mois qui suivent la naissance mais reste mauvaise chez 30% des femmes touchées par la cardiomyopathie du peripartum et 10% d’entre elles en meurent », poursuit Ingrid Struman. De plus, l’état du cœur de ces femmes empire systématiquement lors de la grossesse suivante, avec un taux de mortalité qui augmente de 20%.

L’hormone qui stimule la production lactée mise en cause

À ce jour, rien ne permet de déterminer quelles femmes sont à risque, ni quels sont les facteurs qui déclenchent la cardiomyopathie du peripartum. Dans une étude réalisée en collaboration avec des chercheurs allemands et sud-africains, l’équipe d’Ingrid Struman met cependant en évidence un biomarqueur qui permet de distinguer cette maladie d’autres maladies cardiaques dans le cas de l’observation d’une insuffisance cardiaque. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Journal of Clinical Investigation (1). « Denise Hilfiker-Kleiner, une chercheuse allemande, avait montré en 2007 qu’un fragment de prolactine, appelé 16K-PRL et qui est produit au niveau du cœur, attaque les vaisseaux sanguins et le tissu cardiaque », explique Ingrid Struman. Produite par l’hypophyse, la prolactine est une hormone impliquée notamment dans la croissance des glandes mammaires et la stimulation de la production de lait.
Dans le cadre de ses recherches sur l’angiogenèse tumorale, Ingrid Struman étudiait cette hormone et, impliquée dans un programme d’excellence de la région wallonne, commençait alors à s’intéresser aux microARNs. «C’est pourquoi Denise Hilfiker-Kleiner nous a contactés et c’est ainsi que nous avons développé, un peu par hasard, le projet sur la cardiomyopathie du peripartum», indique la scientifique. Si le rôle du fragment 16K-PRL était bien établi dans cette maladie, les mécanismes par lesquels il affecte le tissu cardiaque étaient restés un mystère complet jusqu’ici. C’est précisément sur l’un de ces mécanismes qu’Ingrid Struman et ses collègues ont mis le doigt.

role mIR-146

(1)  Julie Halkein, Sebastien P. Tabruyn, Melanie Ricke-Hoch, Arash Haghikia, Ngoc-Quynh-Nhu Nguyen, Michaela Scherr, Karolien Castermans, Ludovic Malvaux, Vincent Lambert, Marc Thiry, Karen Sliwa, Agnes Noel, Joseph. A. Martial, Denise Hilfiker-Kleiner and Ingrid Struman. MicroRNA-146a, a therapeutic target and biomarker for peripartum cardiomyopathy. J.Clin.Invest, Volume 123, Issue 5 (May 1, 2013)

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