La parentification: quand les rôles s'inversent...
D'autres manifestations de la pathologie sont plus latentes et donc moins facilement détectables. C'est notamment le cas de l'enfant "parfait" qui s'efforce d'être le plus admirable possible pour nourrir son parent sur le plan narcissique et apaiser son sentiment d'auto-dévalorisation. L'enfant "parfait" passe en général inaperçu car en apparence, il ne semble rencontrer aucun problème alors qu'intérieurement, il est en proie à de fortes anxiétés et à une nervosité extrême. L'enfant "bouc-émissaire" constitue une autre forme de parentification. Selon les dires de Stéphanie Haxhe: "On n’en parle jamais alors que dans la clinique, quand on est thérapeute familiale, on en voit beaucoup. L'enfant bouc-émissaire a généralement un parent qui a subi des choses graves comme des abus sexuels, des maltraitances physiques ou morales. Inconsciemment, il va attendre de son enfant qu'il répare sa vision du monde, qu'il lui redonne confiance en la vie et qu'il efface l'ardoise de toutes les horreurs qu'il a vécues." Cette relation est extrêmement destructrice sur le plan psychologique car l'enfant sera accablé par le poids de la culpabilité. Il va tout tenter pour redonner de l'espérance à son géniteur mais, la tâche étant tellement ardue voire impossible, quoiqu’il fasse... il sera toujours en échec à ses yeux et blâmé pour cela. Les risques encourus à l'âge adulteLe fait de réprimer ses envies et de s'oublier soi-même pour veiller à satisfaire son parent peut avoir des répercussions sur le développement psychologique de l'enfant. Cela se traduit généralement à l'adolescence ou à l'âge adulte par des troubles obsessionnels compulsifs ou dépressifs, des angoisses profondes, des questionnements identitaires et dans le pire des cas, des tentatives de suicide. Le risque de voir une relation incestueuse s'installer est également possible car comme l'explique Stéphanie Haxhe: "Si un enfant prend une place de parent et est inconsciemment vu comme un parent, le risque est qu'il soit aussi vu comme un adulte, avec une maturité et des compétences qui dépassent celles d'un enfant". En effet, si le parent ne parvient pas à établir des frontières claires car elles n'ont jamais été définies dans sa propre famille d'origine et que son conjoint n'est ni présent, ni à l'écoute, l'affection recherchée auprès de son enfant peut prendre une tournure sexualisée comme de la séduction ou une tournure sexuelle avec un passage à l'acte. Quelques rempartsLa présence pour le parent "parentifiant" d'un partenaire sur lequel il va pouvoir s'appuyer et se confier peut se révéler bénéfique et protectrice pour l'enfant. L'affection, l'attention et l'écoute que l'adulte va recevoir de son compagnon permettra de faire bouclier et de ne pas concentrer tous ses besoins sur l'enfant. Stéphanie Haxhe constate malheureusement que le parent "parentifiant" tend souvent inconsciemment à répéter le schéma dans lequel il est entraîné et à choisir un partenaire lui-même fragilisé par des manques affectifs liés à son enfance. Malgré ce qu'ils s'apportent mutuellement, certains manques ne seront donc pas comblés et un gouffre affectif les séparera toujours. Dans ce cas, le risque que ce vide soit inconsciemment reporté sur l'enfant est considérable. Page : précédente 1 2 3
|
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||