Une histoire du goût
Du goût au bon goûtViktoria von Hoffmann ambitionnait au départ de couvrir l’histoire du goût dans toute l’Europe. Se rendant compte de l’ampleur de la tâche, elle s’est finalement focalisée sur la France, haut lieu culturel et berceau de la gastronomie. Tout en se concentrant sur les XVIIe et XVIIIe siècles. Le choix temporel n’a rien d’un hasard : parmi d’autres raisons, c’est à cette époque qu’apparaît pour la première fois l’usage du terme « goût », pris au sens figuré. De fil en aiguille, l’expression se déplace. Un « bon goût » s’invente, désignant cette qualité que tout honnête homme se devait alors de posséder. Une « grâce », un savoir être qui permet de se comporter comme il faut en toutes circonstances. L’homme du monde étant par définition un homme de goût, capable de juger de la qualité des œuvres d’art, le terme « goût » en viendra enfin à désigner le jugement esthétique. À l’époque moderne donc, le goût, pour la première fois, est doté d’un sens spirituel, associé à une forme d’intériorité humaine, ce qui lui permet d’être pensé et discuté. Mais il faudra ensuite attendre le XVIIIe siècle pour que son désormais synonyme gustatif soit véritablement revalorisé. Les « hommes du monde » se mettent à disserter sur le sujet. « Des gens, peut-être, tellement gourmands qu’ils ont voulu parler de cela d’une autre manière, plus positive », avance la chercheuse. « C’est en tout cas l’hypothèse défendue par certains historiens, notamment Jean-Louis Flandrin. » |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||