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Déchets nucléaires : la communication est-elle au point ?
09/04/2013

Aucune solution n’a encore été adoptée définitivement en Belgique pour la gestion à long terme des déchets nucléaires les plus radioactifs. Tous les intervenants sont toutefois d’accord sur un point : une décision finale devra se prendre en accord avec la population. Reste à voir comment dialoguer avec cette population sur un thème aussi controversé. Un rapport (1) du laboratoire SPIRAL de l’Université de Liège fait le point sur la question, suite à l’adoption d’un Plan déchets par l’ONDRAF. 

Nuclear_Waste_BarrelsDes dizaines de milliers de mètres cubes de déchets nucléaires sont présents en Belgique. Selon les données de l’ONDRAF, 80% d’entre eux sont de catégorie A, les moins dangereux, qui ne représentent que 0,5% de l’activité de l’ensemble des déchets radioactifs. Ces déchets de catégorie A ont aussi la durée de vie la plus « courte » (plusieurs centaines d’années !). 19% du volume de ces déchets font partie de la catégorie B, qui représente 2% de l’activité totale. Les déchets de la catégorie C sont les moins nombreux (1% du volume) mais les plus radioactifs, ils représentent 97,5% de l’activité totale de tous les déchets. Les déchets de catégories B&C présentent un risque pour l’homme et l’environnement durant plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d’années.

La grande majorité de ces déchets est actuellement entreposée dans des futs situés dans les bâtiments de l’entreprise privée Belgoprocess, à Dessel (Limbourg). Une petite partie se trouve enfouie à Mol, à 225 mètres de profondeur, au cœur d’argile de Boom, une formation géologique potentiellement adéquate pour accueillir les déchets hautement radioactifs à longue durée de vie. Elle y fait l’objet d’expériences relatives à la faisabilité à long terme de cette solution du dépôt final en profondeur (2). 

La gestion de ces déchets dangereux a toujours suscité de nombreuses controverses. En 2006, le gouvernement a pris une décision finale en ce qui concerne les déchets A : ils seront mis en dépôt de façon définitive à Dessel. L’organisation de ce dépôt a fait l’objet d’un développement original en partenariat avec la population locale et les autorités communales.  Le sort des déchets nucléaires les plus dangereux n’est pas encore scellé. Un « Plan déchets » à leur sujet a été adopté par l’ONDRAF en septembre 2011 et remis au gouvernement belge. Dans ce plan, l’ONDRAF explique avoir analysé toutes les options envisageables pour leur gestion. Il a rejeté d’emblée certaines possibilités qui contreviennent à des traités ou conventions internationales dont la Belgique est signataire (comme l’immersion en mer ou l’évacuation dans une calotte glaciaire), à la législation belge (comme l’injection de déchets sous forme liquide dans le sous-sol profond) ou qui ne présentent pas de garanties suffisantes en matière de sécurité à leurs yeux (comme la mise en dépôt des déchets B&C en surface).

(1) Université de Liège, Universiteit Antwerpen, SPIRAL. « Processus socio-politiques et Gestion de Plan en univers controversé. Application au Plan de gestion à long terme des déchets B&C. Rapport de Synthèse ».
(2) A Mol, le laboratoire souterrain HADES (High-Activity Disposal Experimental Site) est construit à une profondeur de 225 mètres au sein de l'argile de Boom. Des expériences y sont réalisées afin de répondre aux questions scientifiques et techniques relatives à la faisabilité de la mise en dépôt final de déchets radioactifs en profondeur. Il est exploité par EURIDICE (European Underground Research Infrastructure for Disposal of Nuclear Waste in Clay Environment), un groupement d’intérêt économique créé par l’ONDRAF et le Centre d’étude de l’énergie nucléaire de Mol.

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