La cape d’invisibilité du virus
Considéré jusqu’ici comme un virus silencieux, le virus de la leucémie bovine (BLV) produit des petites molécules - des micro-ARNs- à l’insu du système immunitaire de ses victimes. Le virus peut donc produire ces petites molécules tout en restant caché dans les cellules de son hôte. Cela explique pourquoi le BLV semblait être un virus silencieux au sein des tumeurs observées. Ces micro-ARNs viraux pourraient donc être la clef pour comprendre comment le BLV induit la cancérogenèse sans provoquer une réponse immunitaire chez l’organisme qu’il infecte. Une étude, publiée dans la revue PNAS, de l’unité de recherche Génomique Animale du GIGA de l’Université de Liège, dirigée par Michel Georges. Le mouton, un modèle idéal« Une fois infectés par le BLV, les bovins mettent une dizaine d’années à développer une leucémie », reprend Anne Van den Broeke. Détail qui ne facilite pas l’étude du mode d’action de ce pathogène ! Heureusement, les scientifiques ne manquent pas d’imagination et d’ingéniosité pour passer outre ce type d’obstacle. Au lieu d’étudier le virus en question chez son hôte naturel, ils utilisent le mouton comme modèle de recherche. Lorsqu’on induit une infection chez ce dernier, le développement de la maladie est beaucoup plus rapide que chez les bovins et la leucémie apparaît au bout de dix-huit mois en moyenne et chez tous les moutons infectés (alors que chez les bovins infectés, seul un petit pourcentage, environ 5%, développera une leucémie). Quand la technologie repousse les limitesMais qu’est-ce que le séquençage à haut débit ? On peut comparer le matériel génétique des être vivants à un code constitué de quatre lettres et l’ordre dans lequel celles-ci se succèdent est déterminant pour livrer l’un ou l’autre message. « Le séquençage à haut débit consiste à détecter et à décoder ces messages sans à priori, c’est-à-dire sans connaître la composition globale du génome ou du transcriptome. C’est comme si on obtenait alors des millions de mots ou de courtes phrases que les bioinformaticiens analysent afin de distinguer les mots qui signifient quelque chose de ceux qui ne veulent rien dire », explique Anne Van den Broeke. (1) Nicolas Rosewick, Mélanie Momont, Keith Durkin, Haruko Takeda, Florian Caiment, Yvette Cleuter, Céline Vernin, Franck Mortreux, Eric Wattel, Arsène Burny, Michel Georges, and Anne Van den Broeke. Deep sequencing reveals abundant noncanonical retroviral microRNAs in B-cell leukemia/lymphoma. Proc Natl Acad Sci U S A 2013 Feb 5;110(6):2306-11. PMID: 23345446. |
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