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L’Equerre, revue liégeoise de l’architecture moderne
06/02/2013

academie-beauxartsEn 1931, à l’issue des études de ses fondateurs, le contenu de L’Equerre se détache de l’Académie des Beaux-Arts. La publication de textes fondateurs et de réflexions sur des questions d’urbanisme s’intensifie. Les grandes tendances de l’actualité architecturale au niveau local, européen et mondial sont analysées au profit d’un engagement pour une architecture novatrice et d’une critique radicale de l’architecture liégeoise. « Perpétuellement, ils se plaignent que Liège reste en retrait par rapport aux tendances modernes en architecture. » Petit à petit, les membres du groupe se tissent un réseau, non seulement avec les principaux architectes modernes belges (Victor Bourgeois, Louis-Herman De Koninck, …), mais très vite aussi avec le monde international et particulièrement avec les CIAM (Congrès internationaux d’architecture moderne), où se réunissent tous les théoriciens du mouvement moderne (Le Corbusier, Walter Gropius, …). En 1935, les membres de L’Equerre deviennent les secrétaires des CIAM pour la Belgique, se postant en première ligne par rapport à ce mouvement international. De nombreuses idées véhiculées lors des congrès des CIAM sont reproduites et interprétées dans L’Equerre, véritable magazine de propagande pour le mouvement moderne à l’échelon national.

Progressivement, alors que la revue gagne en maturité, ses fondateurs commencent eux-mêmes à travailler en tant qu’architectes. A partir de 1935, ils créent ensemble une agence d’architecture et d’urbanisme à Liège, également nommée « L’Equerre ». La revue se met alors à aborder des sujets plus techniques. Des dossiers thématiques, liés à leur réflexion sur le terrain, trouvent leur place dans les pages du périodique. « Ils établissent par exemple une étude sur les rapports que peuvent entretenir l’architecture et l’urbanisme avec l’enfance, tandis qu’ils travaillent sur la réalisation d’une plaine de jeux à Coronmeuse. Ils réalisent également une étude sur la question du logement ouvrier alors qu’en parallèle ils travaillent sur des projets d’habitats ouvriers. » La revue ne se limite pas à l’architecture mais aborde, non seulement des questions sociales, mais aussi l’actualité artistique, ouvrant ses colonnes à la peinture de Fernand Steven, la sculpture d’Idel Ianchelevici ou encore la poésie de Georges Linze.

A partir de 1936, le groupe contestataire se rapproche du pouvoir et ses réalisations gagnent en importance. Jean Moutschen, membre de L’Equerre, est nommé Directeur du Service d’architecture de la Ville de Liège. A la même époque, Georges Truffaut devient échevin des Travaux Publics et fait confiance à L’Equerre pour les grands projets urbanistiques liégeois. Les architectes militants réalisent alors de nombreux équipement publics et logements sociaux du bassin liégeois.

Un point de rupture dans l’architecture liégeoise

Alors que domine à Liège une architecture d’inspiration historique, L’Equerre véhicule les idées de la modernité, préconisant un style minimal et fonctionnel. Dénuée de décorations, la ligne architecturale défendue par l’agence d’architecture et d’urbanisme joue sur les volumes et utilise les matériaux industriels, bons marchés. En pleine crise du logement, les CIAM, dont L’Equerre se fait le relais, proposent une « maison minimum », au juste prix et sans fioritures, rompant avec l’architecture luxueuse et bourgeoise de l’art déco ou Beaux-Arts qui prévaut dans les années 1920. Cette maison minimum se veut également une réponse au monde moderne, les espaces conçus devant notamment faciliter le travail de la femme dans la gestion du foyer.

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