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Le vent stellaire livre ses secrets
25/01/2013

collision-vents-stellaires

Tout le contraire de Cyg OB2#9, qui reste stable tout au long de l’orbite. « Nous pouvons désormais considérer ce système comme un archétype pour étudier les caractéristiques de ces vents stellaires. Il nous servira de pierre de rosette !, se réjouit l’astrophysicienne. Maintenant que l’on connaît toutes ses propriétés, on va pouvoir s’en servir comme modèle de référence. Car si ça marche pour les simples, cela fonctionnera aussi pour les plus compliquées ! »   

Si les étoiles massives constituent une discipline de recherche relativement récente, l’étude des vents stellaires est devenue une question importante. « Même si les étoiles massives sont plutôt rares et qu’elles ne vivent "que" quelques millions d’années, ce sont elles qui dirigent tout. Pour comprendre la Galaxie, il faut les comprendre. Cela fait à peine deux ou trois ans que l’on commence à concevoir la manière dont elles se forment. Par ailleurs, la compréhension du phénomène des vents stellaires est cruciale car ceux-ci ont un impact sur l’environnement stellaire. Ce sont eux qui, en expulsant de la matière, permettent de créer de nouvelles étoiles. » Ce sont également eux qui « sculptent » le milieu interstellaire et l’enrichissent d’éléments lourds produits dans le cœur de ces astres lumineux. « Ces éléments peuvent contribuer à la vie, ajoute-t-elle. Cela signifie que des éléments qui nous entourent ont été produits par les étoiles massives puis "amenés" sur Terre. Pour que la Terre soit constituée, il faut trois générations d’étoiles. Celles-ci synthétisent les atomes complexes: carbone, oxygène, uranium,… Les étoiles massives vont jusqu’à créer du fer en leur coeur (le Soleil en reste au carbone). Elles occupent dès lors une place prépondérante à ce niveau. »

Trop de brouillard

Or comme les étoiles massives sont rares, il est assez difficile de récolter des informations à leur sujet. Par exemple, pour une étoile possédant une masse comprise entre 60 et 120 masses solaires, il y en a 250 équivalant à une à deux masses solaires et 5.600 comprises entre un cinquième et un dixième de cette même masse solaire. Vous suivez ? « Pour l’instant, on en connaît moins de 10 000, ce qui est très peu. Pour le reste, on ne peut pas les observer, car il y a vraiment trop de brouillard dans la Galaxie ! » Autant dire que les données obtenues par Yaël Nazé et son équipe se révèlent rares et précieuses.

Il faudra encore sans doute pas mal d’avancées technologiques pour pouvoir concevoir un télescope capable de percer cette purée de pois galactique afin de mettre au jour de nouveaux astres lointains. En attendant, il reste pas mal de boulot à effectuer pour connaître tous les secrets de Cyg OB2#9. Les recherches continuent à ce sujet – l'étude de son rayonnement radio vient juste de se terminer, et son étude interférométrique est toujours en cours – on combine le signal de plusieurs petits télescopes, afin de déterminer sa place, sa taille, sa distance, etc. Objectif: connaître physiquement le système sous toutes ses coutures et encore parfaire la compréhension des étoiles massives et de leurs vents stellaires. « Et puis ce sera la dernière étape : modéliser le système. »

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