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Il y a 40 ans, une comète liégeoise
16/01/2013

La comète était passée au périhélie le 5 octobre 1972, dans l’hémisphère sud. Noyée dans l’éclat du Soleil, et à 2,5 UA derrière lui, elle était inobservable. Grimpant rapidement dans le ciel en décembre et janvier 1973, elle devenait enfin une cible pour les chasseurs à l’affût. En été, une trop faible élongation solaire empêchait à nouveau les observations mais, dès septembre la comète était photographiée avec le Grand Schmidt par François Dossin et elle se montrait étonnamment brillante malgré son éloignement.

Les dernières images ont été prises les 25 et 26 janvier 1974 à plus de 5 UA de la Terre et du Soleil (François Dossin au Grand Schmidt de Haute-Provence, et Elisabeth Roemer au télescope de 2m29 du Steward Observatory).

L’objet d’aspect condensé était donné de magnitude 19,6 par Roemer, mais l’image prise au Schmidt liégeois quelques heures plus tôt semble indiquer un objet sensiblement plus brillant que cette estimation. L’absence d’étoiles de référence est la raison principale de ces écarts.

La comète est maintenant un point insignifiant dans les Poissons à 63 UA, deux fois plus loin que Pluton et Neptune (respectivement à 30 et 32 UA) et que la comète de Halley (33 UA) qui était passée au périhélie en 1986. Par comparaison, les sondes Voyager lancées en 1977 ont été beaucoup plus rapides et sont maintenant à 123 et 100 UA. Quant à la contemporaine de Heck-Sause, la comète Kohoutek, elle a pris une tout autre direction et se balade actuellement dans les Gémeaux à peu près à la même distance, 64 UA.

Si l’apport scientifique de la comète liégeoise n’a pas été très important, on peut insister sur l’aspect éducatif pour les étudiants ayant participé à ces observations et qui sont devenus pour la plupart des enseignants. Cet épisode à constitué l’expérience astronomique de leur vie et sans doute en parlent-ils encore à leurs propres élèves : la vraie astronomie dans un vrai observatoire, la routine des observations, l’excitation de la découverte, les doutes, les vérifications, sans oublier l’aspect médiatique.

Le télescope Schmidt de Haute-Provence.

illu-téléscopeLe télescope Schmidt de l’observatoire de Haute-Provence (le « Grand Schmidt » par opposition à un autre, plus modeste, du même observatoire) est un télescope à grand champ constitué d’un miroir primaire sphérique de 87 cm de diamètre et 209 cm de distance focale (cf A. Heck, L’astronomie, 1973, p 241). Une lame correctrice de 62 cm de diamètre est placée au centre de courbure de l’appareil, ce qui lui donne une ouverture effective de 3,36. L’échelle des images est proche de 100 secondes d’arc par millimètre. Leur diamètre de 16,5 cm correspond à un champ de 4,6 degrés. Un tel champ est encore hors de portée des capteurs CCD, d’autant que la surface focale est sphérique. Les films photos existaient en de telles dimensions et pouvaient épouser sans difficulté la surface focale. Afin de bénéficier d’une meilleure stabilité de l’émulsion, ils ont été remplacés par les plaques photographiques après la mise au point ®C au prix de pas mal de casse ®C d’un système permettant de bomber celles-ci et d’épouser la surface focale sphérique du télescope de Schmidt.

Les instruments modernes approchant de telles caractéristiques de champ doivent utiliser des optiques plus complexes, des mosaïques de capteurs, des stratégies d’observation compliquées, le tout secondé par une informatique très lourde.

L’idée de ce télescope franco-liégeois date de 1959, et l’installation définitive a eu lieu en 1970. L’essentiel du programme d’observation liégeois consistait en la traque de comètes en vue de leur étude morphologique : structure de la chevelure, des queues, et leur évolution. Le suivi des astres se faisait à l’oculaire au moyen d’une grande lunette guide fixée le long du télescope. Cette solution qui marche bien pour des étoiles fixes est imprécise lorsqu’il s’agit des comètes dont le noyau est souvent diffus ou trop faible. Un système ingénieux a été mis au point permettant de programmer un déplacement de l’oculaire compensant celui de l’objet. Le guidage pouvait alors se faire, non pas sur la comète, mais sur une étoile voisine.

La mort des émulsions photographiques a signifié la fin de l’imagerie à grand champ sur ce télescope et a conduit à une certaine reconversion avec un capteur de petites dimensions.

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