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Il y a 40 ans, une comète liégeoise
16/01/2013

Première comète découverte en 1973, l’astre reçut la désignation provisoire 1973a, selon le système en vigueur à l’époque, une désignation qui, maintenant que les comètes se découvrent en plus grand nombre, a été traduite en C/1973 A1 (première comète de la première moitié du premier mois de 1973). On lui attribua aussi celle de 1972 VIII selon un système tombé depuis en désuétude (la huitième comète passant au périhélie en 1972).

Sans être spectaculaire, la comète Heck-Sause est un objet relativement imposant. Sa magnitude hâtivement annoncée de 12 devait être proche de 9 ou 10 lorsque l’on analyse les clichés subsistants. Si l’on considère que la comète était loin du Soleil (r=2,72 unités astronomiques) et de la Terre  (Δ=2,25 UA) on peut dire qu’elle était intrinsèquement brillante.

Rien qu’en tenant compte des effets géométriques, la magnitude d’une comète doit être corrigée de 5(log(r)+log(Δ)). Cette relation exprime qu’un objet dix fois plus éloigné de nous apparaît cent fois moins brillant et perd donc 5 magnitudes. En même temps, s’il est dix fois plus loin du Soleil il reçoit cent fois moins de lumière et perd encore 5 magnitudes. L’application de cette formule donne pour notre comète une magnitude de 5 aux distances r et Δ de 1 UA, lui assurant une visibilité à l’œil nu. Comme l’activité d’une comète augmente considérablement à l’approche du Soleil, son éclat aurait été encore bien plus grand. Pour tenir compte de ce fait, on corrige empiriquement ®C et localement ®C la formule ci-dessus d’un terme supplémentaire empirique de n*log(r), le facteur n pouvant atteindre jusqu’à 10 ou 20 ce qui aurait signifié un gain additionnel de 4 à 8 magnitudes. Il est donc vraisemblable que, si elle s’était rapprochée de l’orbite terrestre, la comète aurait été spectaculaire.

Las, la distance périhélique de la comète était de plus de 2,5 UA, et ce point avait déjà été dépassé à l’instant de sa découverte. Heck-Sause s’éloignait inexorablement. L’analyse de l’orbite indique une période très longue. Sans doute la comète faisait-elle sa première apparition au voisinage du Soleil en provenance du nuage d’Oort, ce vaste réservoir d’astres glacés aux confins du système solaire.

Des spectres ont été pris rapidement à l’observatoire de Haute-Provence et ils ne montrent que la lumière diffusée par les poussières. La dilution du rayonnement solaire à ces distances n’avait pas suffi à déclencher l’activité des gaz ®C le facteur n dont il était question plus haut rend compte tant bien que mal de cette activation des gaz près du Soleil. Toutes les comètes n’ont pas ce comportement. Les astronomes avaient relevé l’analogie avec la comète C/1950 K1 (Minkowski) qui, 20 ans plus tôt, à une distance au Soleil équivalente, ne montrait quasiment pas de fluorescence des gaz, contrairement à C/1961 R1 (Humason) qui, elle, ne montrait que peu de poussière et beaucoup de gaz.
spectre-comète
Sur les premiers clichés, la comète montre une queue d’un demi degré. Les observations réalisées dans les mois suivants font état d’une queue s’étendant sur plus d’un degré et demi en mars 1973 (E.I. Shchukin à Irkoutsk avec un astrographe de 50 cm). La comète était au plus près de la Terre le 11 février. Il est dommage qu’on ne puisse exploiter les clichés profonds pris au Schmidt franco-liégeois dans cette période. Il reste cependant un tirage papier de l’un d’eux (page 384), pris dans la nuit du 29 au 30 janvier et montrant l’extension considérable de la comète.

Après l’annonce de la découverte, la comète a été retrouvée sur des clichés pris le 4 janvier par M. Koishikawa de l’observatoire municipal de Sendai, ce qui montre l’importance d’un examen soigneux des images pour ne pas laisser échapper une découverte. Peut-être cet observateur avait-il adopté la même stratégie qu’André Heck, sans la pousser jusqu’au bout.

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