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Enquêtes policières à la carte
10/01/2013

Si cette méthodologie fonctionne pour un cas très particulier, certains de ces aspects sont toutefois transposables, et encore peu utilisés dans les approches classiques de profilage cartographique. Et c’est là l’intérêt principal d’une telle recherche. « La gestion des contraintes réelles de la distance, par exemple, est un aspect important de la démarche, explique Marie Trotta. » Le calcul des distances entre les méfaits a pu être étudié en distance réelle, via le réseau routier, notamment grâce à la technique de propagation. Cette technique est bien évidemment utilisable dans toutes les applications classiques de profilage, même si la distance parcourue par le véhicule n’est pas préalablement connue. « Il est par exemple possible de mettre comme contrainte une minimisation de la somme des distances, chercher l’itinéraire le plus rapide, ou le plus sécurisé. » Le simple fait de travailler sur le réseau, si élémentaire que cela puisse sembler, est également une belle originalité, qui permet de gagner en précision. « Beaucoup d’applications travaillent sur des distances euclidiennes, à savoir des droites entre deux points, explique Jean-Paul Kasprzyk. Or, quand un criminel va d’un point A à un point B, il ne parcourt pas cette distance à vol d’oiseau. »

Le développement des scénarii peut aussi être transposé à d’autres cas. Cette mécanique de pensée a, dans le cas présent, systématisé l’utilisation de la chronologie des faits, et la possible interdépendance entre deux actions qui peut en découler. Par exemple, le court laps de temps entre le dernier événement et la découverte de la voiture abandonnée a permis de déduire que les malfrats n’étaient pas repassés par le repère entre ces deux moments.

« Enfin, nous nous sommes basés exclusivement sur des données propres à l’enquête, concluent les chercheurs. Une des limites du profilage actuel est de ne pas suffisamment se baser sur les données qui sont propres à l’enquête, mais plutôt sur un modèle qui ne reflète pas spécialement le comportement du malfaiteur. Le comportement d’un criminel n’est pas assimilable à celui d’un autre. Se baser sur des modèles réalisés à partir d’autres enquêtes ne peut qu’ajouter des approximations supplémentaires. »

L’étude offre donc de nouvelles pistes à explorer en crime mapping, allant vers une plus grande précision de l’estimation de l’itinéraire de criminels. Elle ne constitue certes pas un remède-miracle pour les enquêteurs. Mais cette méthode peut cependant obtenir de bons résultats avec une plus grande probabilité de réussite que des méthodes classiques plus approximatives. Pourtant, en ce qui concerne le profilage cartographique opératoire en Belgique, les demandes d’aide des forces de l’ordre restent peu nombreuses. Et la taille drastique dans les budgets ne va certainement pas inverser la tendance. Ce ne sont pourtant pas les initiatives individuelles qui manquent, tant du côté de la recherche que chez certains commissaires tournés vers les nouvelles technologies. Il ne reste plus pour les géomaticiens belges qu’à espérer que notre pays s’aligne sur l’intérêt que certains Etats d’Europe et d’Amérique du Nord témoignent pour cette expertise scientifique en pleine expansion. En attendant, cette méthodologie est transposable à d’autres cas d’étude, comme dans le registre de la sauvegarde de l’environnement, où elle peut aider à calculer le coût écologique de certains transports, ou de passages motorisés par certaines régions du globe.

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