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Revêtement antibactérien
23/11/2012

Assurer l’activité à long terme

BiofilmLes chercheurs liégeois en sont maintenant à la troisième étape : assurer l’activité à long terme. Il ne faut pas que le principe actif déposé sur la surface se dénature par exemple sous l’effet de la lumière. Les peptides sont en effet des biomolécules et pour être efficaces, il faut qu’elles aient une certaine conformation et, bien entendu, qu’elles la gardent. Mais là aussi, les tests se révèlent positifs. Mieux, ils ont montré que la découpe des plaques d’acier (ce qui sera tout de même la norme lorsqu’il faudra construire des objets (meubles, tables, frigos, etc.) avec l’acier ainsi revêtu !) n’entraîne pas d’arrachage du film et que l’activité antimicrobienne était préservée.

Enfin, il faut noter que, contrairement aux autres solutions offertes, les chercheurs liégeois ont attaqué le problème de l’antibactérien d’une manière multifonctionnelle : empêcher l’adhésion des bactéries sur la surface, tuer les bactéries ou empêcher la formation de biofilm (une fois sur la surface, les bactéries produisent un film de polysaccharine qui leur permet de s’accrocher encore mieux). « Nous avons maintenant mis au point une solution « prête à l’emploi », précise Christophe Detrembleur, qui permet la fonctionnalisation de substrats par des biomolécules (enzymes antibiofilm, peptides antibactériens,…). Nous avons d’abord étudié ces trois fonctions séparément ; maintenant, il nous faut les réunir sur le même film de surface. La technologie, le socle, la plateforme est la même. Seul le film actif déposé en dernière couche sur le support est différent (Adv. Funct. Mater. 2012, DOI: 10.1002/adfm.201201106). Soit une molécule anti-bactérienne, soit antibiofilm, soit antiadhésion. On a validé sur les trois séparément ; maintenant nous voudrions les 3 fonctions ensemble, sur le même film. »

La création de Symbiose Biomaterials

Le programme Biocoat est aujourd’hui terminé. Du moins en tant que tel. Il a en effet été réorienté vers des applications plus larges. « Quand on travaille avec la DOPA, précise Cécile Van De Weerdt, on constate qu’elle s’accroche sur toutes les surfaces, y compris du Teflon ! On a donc été tenté de se dire que tout ce que nous avions développé dans le cadre du projet Biocoat pouvait être étendu à d’autres matériaux. La Région wallonne et l’Université ont donc décidé de créer une plate forme d’innovation technologique appelée Symbiose Biomaterials, qui sera hébergée au sein de MecaTech, le pôle de compétitivité wallon en génie mécanique. Son but est d’accélérer la mise sur le marché de développements issus de la recherche Biocoat. Bien sûr, d’autres laboratoires universitaires, d’autres centres de recherche, d’autres entreprises y seront associés. » Pour aller dans quelles directions ? Les responsables du projet en ont déterminé trois parmi d’autres possibilités. La première est évidemment tout ce qui a trait aux revêtements antimicrobiens pour les hôpitaux, les bouchers, les chambres froides, etc. Mais cette fois, peu importe la surface acier, verre ou autre : on change simplement la biomolécule mais on garde le produit actif, c’est un des intérêts du choix de base de la DOPA comme colle. La deuxième direction retenue est toujours celle du revêtement, mais spécifique au secteur des implants médicaux. Les progrès de la médecine se traduisent en effet par l’implantation de plus en plus fréquente de « pièces de rechange » dans notre corps. Enrober ces implants d’un revêtement antimicrobien permettrait sans doute d’éviter bien des rejets et des infections. La troisième direction retenue est sans doute la plus innovante, voire la plus prometteuse. Biocoat a en effet permis aux chercheurs liégeois de se familiariser avec la technologie GEPI (Genetically Engineered Polupeptide for Inorganics). Autrement dit d’ingénier, de construire des petits peptides sur mesure, d’utiliser des protéines pour réaliser un assemblage contrôlé à l’échelle nanomoléculaire. Comme son nom l’indique, le GEPI est donc un polypeptide conçu par génie génétique, qui reconnaît spécifiquement un matériau inorganique. De quoi faire de la nanodétection, du tri, de la manipulation d’objets nanos. Un brevet a ainsi été déposé pour un peptide capable d’aller repêcher des nanopoudres au milieu d’un tas. Ou, autre exemple, repêcher des terres rares, dont la valeur ne cesse de croître, dans des déchets. Ou les utiliser dans des filtres pour chercher un contaminant comme des nanoparticules de TiO2 sans filtrage de l’eau. Symbiose Biomaterials a de belles perspectives !

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