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Les reptiles, victimes de leur image …
23/10/2012

Pour se cacher, pour se déplacer et pour réguler leur température, ils recherchent des terrains pourvus de haies, broussailles, bosquets, murets, tas de bois, tas de pierre, fissures, … qui leurs permettent facilement de choisir entre ombre et soleil, entre sous-sol et surface sans devoir trop s’exposer au danger. Ils affectionnent également des cachettes moins esthétiques telles que des tas de briquaillons, des bâches ou des tôles bien exposées au sud. La végétation doit être variée, présentant à la fois un couvert dense et de petites plages dégagées. Certaines espèces, comme la couleuvre à collier, ont besoin de mares ou de zones humides afin de trouver leurs proies (grenouilles, …) mais aussi de tas de fumier, de compost ou de branchages pour la ponte.

écailles

Pourquoi régressent-ils ?

Cette régression des populations a ainsi été confirmée par une étude de 24 années de suivi d’une communauté de reptiles typiques du nord de l’Europe sur un tronçon de 19 km de voie ferrée : la ligne SNCB 162, qui relie Namur à Luxembourg, dans le centre-sud de la Wallonie. (2) Au cours de cette étude, Eric Graitson et ses collaborateurs ont mis en évidence une forte régression des populations de vipères péliades et dans une moindre mesure, une régression des populations de lézards des murailles et de couleuvres à collier. Par contre, les populations de coronelles lisses ont fortement augmenté. Ces dernières ayant probablement colonisé les habitats fréquentés par les populations en régression par effet de compétition pour les proies des juvéniles et pour les lieux d’insolation. Cette compétition entre les espèces a probablement été causée par les modifications climatiques qui ont eu lieu au cours des deux dernières décennies. « Une ligne de chemin de fer est un milieu relativement stable et pourtant deux espèces sur six sont en régression, cela fait un tiers des espèces, c’est déjà beaucoup ! », déclare le chercheur.

Outre les changements climatiques, la principale cause de régression des populations est la perte ou la modification de leurs habitats. Les reptiles sont en effet de médiocres colonisateurs et n’ont donc souvent pas la possibilité de rejoindre des habitats plus éloignés qui pourraient leur convenir. Les populations s’isolent alors les unes des autres, toujours plus menacées de disparition.

Ainsi, la fermeture des milieux due au boisement de zones agricoles, de milieux abandonnés comme les carrières ou les prairies en déprise agricole, de landes, ou encore à la plantation d’épicéas condamne toute une partie du territoire qui n’offre plus aucune possibilité de thermorégulation ni d’abri.

La simplification des milieux et l’intensification des pratiques agricoles sont d’autres causes importantes de perte d’habitat pour les reptiles. La conversion de certaines prairies en cultures, les fauches rases le long des haies ou le regroupement de parcelles en zones de grandes cultures réduisent les zones refuge et suppriment les cordons de liaison, tels que les haies, entre divers habitats. L’augmentation de la charge en bétail dans les prairies conduit à un arasement de la végétation, une diminution des abris et dérange lézards et serpents.

(2) Synthèse de 24 années de suivi d’une communauté de reptiles typiques du nord de l’Europe,
Graitson, Eric ; Hussin, José; Vacher, Jean-Pierre in Bulletin de la Société Herpétologique de France 141, 2012.

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