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Le financement du secteur associatif
19/10/2012

« L’économie non marchande, c’est aussi de l’économie ! » clament Sybille Mertens et Michel Marée du Centre d’Economie Sociale de l’Université de Liège, qui viennent d’étudier comment se financent les asbl. Pratiquement jamais par crédits bancaires…. Et ce n’est pas parce que les banques refusent d’octroyer ces crédits !

« Récemment, j’ai entendu un homme politique dire dans une émission spéciale consacrée à l’avenir économique de la Wallonie, que ce qu’il faut en Wallonie, c’est créer des emplois, mais des « vrais » emplois. Pas des emplois subsidiés. J’ai trouvé cela assez choquant. » Ce genre d’idées reçues, Sybille Mertens, chargée de cours à HEC_Ecole de gestion  de l’Université de Liège, et son collègue Michel Marée, chargé de recherches au Centre d’Economie Sociale, les collectionnent depuis des années. Mal perçu, peu considéré, « à la traîne », le secteur des « organisations animées d’une finalité non lucrative » – dont la croissance de l’emploi est 2,5 fois supérieure à celle du reste de l’économie – est dans beaucoup d’esprits encore, une entité isolée, complètement détachée de l’économie. La « vraie ». La faute notamment à un triptyque qui hante bien des têtes : « économie = marché = marchand ». Absent de la triade, le secteur non marchand en Belgique, représenté par 17 000 asbl (hors secteur public), emploie pourtant 564 497 personnes. Soit 16% de l’emploi salarié en Belgique (« 8%, si l’on enlève les hôpitaux et les écoles de l’enseignement libre, les deux gros employeurs du secteur », précise Sybille Mertens) ; et sa valeur ajoutée représente 7,2% du PIB. Malgré cette réalité, de nombreux lieux communs circulent au sujet du secteur associatif, dans à peu près tous les milieux : tant économique, politique, universitaire, journalistique…qu’associatif. « Même des acteurs de terrain, des membres d’associations tombent dans certains clichés, poursuit Michel Marée. Beaucoup sont persuadés de ne pas faire de l’économie. Or, le fait de rencontrer des besoins fondamentaux en utilisant des ressources, en créant de l’emploi, qu’il soit subsidié ou non, c’est précisément faire de l’économie. »

taille-des-associations

Néanmoins, une forte croissance de l’intérêt pour le secteur associatif se fait ressentir, ces derniers temps – notamment dans les mondes scientifique et bancaire. A l’ULg, les travaux menés au Centre d’Economie Sociale, créé et dirigé par le professeur Jacques Defourny,  ont contribué au fil des années à attirer les lumières sur cet objet d’étude d’apparence peu attractif. Cela fait maintenant deux décennies que les chercheurs de l’unité – ils sont aujourd’hui une dizaine –   s’intéressent au secteur associatif. « Au début, on n’était pas vraiment pris au sérieux. Nos recherches faisaient sourire quelques confrères » avance l'un des chercheurs. De l’eau (beaucoup) a coulé sous les ponts depuis. Petit à petit, le centre s’est taillé une place au soleil. Grâce notamment à des réalisations importantes : la conception du premier compte satellite complet des associations sans but lucratif – un projet qui a inspiré des réalisations semblables dans de nombreux autres pays ; plus récemment, la mise en place à HEC-ULg d’un Master en sciences de gestion, spécialité en management des entreprises sociales; et, cette année, un projet « if not for profit, for what ? and how ? » retenu dans le cadre du programme « PAI » (pôles d’attraction interuniversitaire) et qui figure parmi les cinq projets plébiscités pour l’ULg. L’actuelle renommée du Centre est loin d’être le fruit du hasard et ses contributions, loin d’être mineures. Une plate-forme telle que ConcertES – un organe de concertation des organisations représentatives de l’économie sociale en Région wallonne et à Bruxelles – gère un "observatoire" qui n’aurait par exemple pu voir le jour sans les avancées réalisées au sein du Centre en matière de données statistiques.

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