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Le bon Dieu n’avait pas tout prévu…
10/09/2012

Autrefois utilisée dans la lutte intégrée contre les pucerons, la coccinelle asiatique - Harmonia axyridis – est désormais l’une des espèces les plus abondantes de nos régions. Et cela, jusqu'au cœur de nos habitations. Mais la parade scientifique se met en place petit à petit. Gembloux Agro-Bio Tech vient de franchir un pas décisif dans l’identification des… hydrocarbures intervenant dans la  formation des agrégats hivernaux de l’animal.

Qui aurait pu prévoir un tel scénario ? Les scientifiques, peut-être, s’ils avaient été consultés. Les horticulteurs européens, sans doute, s’ils s’étaient intéressés d’un peu plus près aux problèmes rencontrés aux Etats-Unis quelques années auparavant. Lorsque les horticulteurs belges, français, néerlandais… introduisent la coccinelle asiatique dans leurs cultures, dans le courant des années nonante, celle-ci est parée de toutes les vertus. Réputée pour sa voracité, Harmonia axyridis ne fait en effet qu’une bouchée des nuées de pucerons qui envahissent les serres. Facile à élever, elle ne coûte pas cher et représente un avantage indéniable sur les insecticides: aucune toxicité pour le manipulateur ! Dans la foulée des professionnels, les particuliers s’en fournissent également, ravis de pouvoir utiliser chez eux, dans les potagers et les jardins, cet auxiliaire parfait de « lutte intégrée » contre les parasites des plantes. Ainsi, précédée de sa réputation de sympathique bête à bon Dieu, la coccinelle asiatique multi-colorée - traduction littérale de son nom anglais ; elle peut en effet être jaune, rouge, orange ou noire - devient, malgré elle, le porte-étendard symbolique de tous les insectes « utiles », fidèles auxiliaires de l’homme, qu’il convient de protéger à tout prix.

Harmonia_axyridis

Espèce invasive

Dès 2001, on commence à déchanter. Alors qu’on pensait l’animal incapable de résister aux hivers rigoureux, on commence à le retrouver ici et là en Flandre, en pleine nature. Puis à Bruxelles…  Ensuite en Wallonie… En dix ans à peine, la coccinelle se répand à une vitesse extraordinaire et finit par envahir tout le pays, ce qui lui vaut aujourd’hui son statut d’espèce invasive.

Un problème ? Oui, à triple titre. D’abord, parce que l’animal est un prédateur « intraguilde ». Cela signifie que, loin de se contenter de dévorer les pucerons (des Hémiptères Aphidoidés) et d’autres petits insectes à corps mou, la coccinelle asiatique n’hésite pas à s’en prendre aux prédateurs avides des mêmes proies qu’elle. Elle entre en compétition directe avec d’autres espèces d’insectes, parmi lesquelles les coccinelles, indigènes celles-là, dont elle dévore les larves. A ce titre, les derniers rapports scientifiques publiés en Belgique semblent indiquer un déclin des coccinelles à deux et à dix points, des espèces dont nos écosystèmes ont bien besoin.

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