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365 millions d’années et pas une ride
07/09/2012

Sur le Net (où la découverte s’est répandue comme une trainée de poudre en quelques jours et où une recherche sur Google génère désormais des milliers de résultats !), certains évoquent la ressemblance de cette petite bestiole aves les sauterelles. Mais parler de Strudiella en tant qu’ancêtre de telle ou telle espèce bien connue de nos jours est sans doute un raccourci un peu rapide. « Ce que l’on peut dire, c’est que son groupe doit être proche de quelque chose qui a donné lieu aux insectes que l’on connaît aujourd’hui et qui témoigne d’une évolution particulière », explique Julien Denayer.    

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Le débat est ouvert

Depuis cette découverte, les paléontologues liégeois se sont attelés à décrire l’environnement dans lequel l’insecte avait vécu. Il y a fort à parier, au vu de la forme de ses mandibules, qu’il était phytophage (c’est-à-dire qu’il se nourrissait exclusivement de végétaux) ou omnivore (se nourrissant d’un mélange d’aliments d’origines végétale et animale). Il vivait sans doute dans un milieu terrestre (a priori son corps ne semble posséder aucun organe ou caractère morphologique qui lui permettrait d’évoluer dans un milieu aquatique). Serait-il un beau jour tombé dans l’eau pour finir « emprisonné » dans les sédiments de cette rivière ? La petite bête n’a pas encore livré tous ses secrets.

Mais ce qui compte, pour les trois chercheurs, c’est que le débat soit désormais ouvert. « Tout un travail de digestion doit encore être réalisé, estime Cyrille Prestianni. La découverte de ce fossile va susciter  toute une série de critiques, de questionnements et de réactions de la part de la communauté scientifique. Elle en suscite d’ailleurs déjà beaucoup ! »

Certains s’interrogent sur la véritable « identité » de Strudiella : est-il vraiment un insecte ? Mais finalement, qu’importe : « C’est ça, l’intérêt des découvertes scientifiques ! Le matériel est à la disposition de tous les chercheurs qui le souhaitent. » Le fossile, qui sera conservé dans les collections de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, risque dans les prochains mois d’attirer une foule de spécialistes internationaux.

« On espère que cela permettra d’amener les chercheurs à se focaliser davantage sur le Dévonien, car c’est une période difficile et relativement peu étudiée, ajoutent les trois collaborateurs. Souvent, la science est bloquée faute de moyens financiers. Maintenant que l’on sait que ce type d’insecte existe, cela va peut-être aider à débloquer des fonds. »

En attendant, les recherches se poursuivront vraisemblablement jusqu’en 2015 dans la petite carrière de Strud. Les fouilles d’un gisement belge auront rarement été aussi longues. Mais après avoir révélé la présence d’Ichtyostega-like puis de Strudiella, les roches de la carrière namuroise ont peut-être encore beaucoup de choses à révéler…

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