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Agroécologie : vers une autre agriculture
04/09/2012

C’est contre ce modèle biotechnologique que l’agroécologie se positionne. C’est-à-dire contre ce paradigme qui entend résorber la question alimentaire exclusivement par l’intensification de la production grâce à la technologie, de manière à répondre à la demande croissante des marchés globaux.

« Les principe de base du modèle agroécologique, c’est la réorganisation du travail tant au niveau de l’emploi que de la distribution, tout en transformant les modes de consommation commente le chercheur. Notamment en tentant de résoudre les problèmes de gaspillage ou en diminuant la place de la consommation de viande dans le système alimentaire. En Europe, par exemple, 65% de la production végétale sont destinés à la production animale. Selon nous, l’hypothèse productiviste ne suffira pas à résoudre les problèmes de faim dans le monde. Il faut explorer d’autres pistes. Mais attention : nous ne disqualifions pas ce modèle. Plusieurs peuvent cohabiter. »

Un petit poucet

Face à la tendance biotechnologique, largement dominante à l’heure actuelle, l’agroécologie fait encore figure de petit poucet. Mais un évènement a récemment accéléré la remise en cause du paradigme productiviste. En 2007-2008, plusieurs régions du monde sont touchées par une forte hausse des prix des produits alimentaires de base. Les prix du blé, du riz, du soja ou encore du maïs atteignent des pics sans précédent. En cause : des facteurs classiques tels que les mauvaises récoltes dans certaines zones de production et l’urbanisation croissante des populations pauvres mais également pour la première fois, la part croissante pris par les agrocarburant et la spéculation sur les biens alimentaires Les pays développés se tournent massivement vers les agrocarburants pour contrer la hausse des produits pétroliers, réduisant ainsi l’offre de certaines denrées alimentaires. Si l'on ajoute à cela une touche de crise financière, savamment entremêlée à toute une série d’autres facteurs, on obtient une série d’émeutes de la faim dans plusieurs pays en voie de développement: Haïti, Cameroun, Égypte, Indonésie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Mozambique, Maroc, Burkina Faso, Philippines, Thaïlande, Bangladesh…

Face à ces évènements, la question d’un autre modèle agricole – qui intégrerait non seulement les enjeux alimentaires mais aussi énergétiques, environnementaux et climatiques – ressurgit sur le devant de la scène politique et médiatique. Petit à petit, l’agroécologie commence à être considérée comme une alternative crédible. « Bien que minoritaire ce mouvement trouve de plus en plus d’échos sur les arènes internationales, notamment à travers le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations Unies.  »

L’agréocologie est un concept fédérateur qui revendique son caractère polysémique. Impossible de la résumer en une seule phrase, ce qui, d’une certaine manière, rend sa compréhension plus laborieuse. Dans son texte, le groupe GIRAF précise son propos au travers de l’évolution historique de la définition de l’agroécologie.  Ainsi, trois définitions, l’une prenant en compte le caractère durable de l’agriculture, l’autre s’intéressant plus largement aux systèmes agroalimentaires, la troisième soulignant le fait que ce concept ne relève ni exclusivement de la recherches scientifique, ni de la pratique, ni des mouvements sociaux, mais résulte bien de l’interaction entre ces trois dimensions.    

L’agroécologie répond par ailleurs à cinq principes historiques :
1. Permettre le recyclage de la biomasse.
2. Garantir des conditions favorables pour la croissance des plantes, en limitant au maximum l’usage d’engrais, de pétrole ou de pesticides.
3. Assurer une gestion microclimatique, c’est-à-dire en rapport avec le climat d’une région donnée.
4. Favoriser la diversité génétique et d’espèces.
5. Permettre des synergies biologiques entre composantes de l’écosystème.

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