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Nouvel indice pour le casse-tête de la migraine
31/08/2012

Quant aux mécanismes dans lesquels interviennent ces quatre gènes, ils ne concernent pas la régulation de la concentration du glutamate mais différents autres processus. « Le gène MEFD2 joue un rôle dans la différenciation et la survie des neurones. TGFBR2 agit également au niveau de la différenciation neuronale mais aussi dans la prolifération de ces cellules, des cellules endothéliales ainsi que de la production de matrice extracellulaire », souligne le Professeur Schoenen. « Ces gènes semblent donc liés à la régulation des circuits neuronaux et des fonctions vasculaires. C’est une découverte très intéressante car nous avons montré il y a quelques années déjà qu’entre les crises le cerveau du migraineux se caractérise par un fonctionnement anormal de certains circuits neuronaux. Par ailleurs, la réactivité vasculaire est aussi perturbée dans les migraines. », poursuit-il.

La fonction des protéines codées par les gènes LRP1 et TRPM8 est tout à fait différente. Tous deux permettent aux cellules d’interagir avec leur milieu, mais de manière différente. « Le TRPM8 code pour un canal ionique activé par le froid et le menthol au niveau de la membrane des cellules nerveuses sensorielles  tandis que LRP1 code pour un récepteur de surface des neurones et des muscles lisses qui permet de capter l’apolipoprotéine E (apoE) et par là de fournir du cholestérol à la cellule. », explique Jean Schoenen. Le premier  joue donc un rôle dans le système nociceptif, c’est-à-dire dans le circuit de la douleur, et dans la migraine ce sont les récepteurs à la douleur des méninges qui sont impliqués.. Le second intervient dans le métabolisme des neurones et des muscles lisses des vaisseaux. Les gènes de susceptibilité à la migraine se cachent donc de ce côté-là aussi !

À la croisée de multiples facteurs

« Il est important de mentionner que les variants génétiques identifiés jusqu’ici, pris séparément, augmentent le risque de migraine de moins de 20% chez les personnes qui en sont porteurs », précise Jean Schoenen. Il est donc très probable que la plupart des migraineux cumulent plusieurs gènes de susceptibilité. Le seuil migraineux dépend de ce cumul. Plus une personne possède de gènes de susceptibilité à la migraine, plus son seuil migraineux risque d’être franchi. C’est là qu’apparaissent les crises de migraine. « On peut voir cela comme un baril de poudre dont on allumerait la mèche. Les gènes remplissent le baril de poudre et l’environnement allume la mèche », indique le scientifique.

gène-migraine

Le tableau de chasse des scientifiques à la recherche des gènes de susceptibilité de cette maladie polygénique est donc encore loin d’être complet. De plus, les influences environnementales et épigénétiques qui participent à l’apparition de crises de migraine sont, à ce jour, peu comprises. « Étant donné que les femmes sont plus touchées par la migraine que les hommes, il se peut par exemple que les hormones ovariennes dont les variations sont connues pour déclencher des crises, modifient le fonctionnement de certains des gènes impliqués dans les migraines, mais ceci reste à être démontré.», souligne Jean Schoenen.

Si la route est encore longue avant de gagner la guerre contre la migraine, la découverte de chaque nouveau gène de susceptibilité à celle-ci est une bataille gagnée. Et chacune de ces batailles nous rapproche du jour où un traitement plus efficace contre la migraine verra le jour, au bénéfice de 20% de nos congénères.

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