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Nouvel indice pour le casse-tête de la migraine
31/08/2012

En effet, les patients peuvent être classés en différents haplogroupes mitochondriaux regroupant les personnes qui présentent les mêmes variations au sein du matériel génétique de leurs mitochondries. Selon qu’ils appartenaient à l’un ou l’autre haplogroupe, la vitamine B2 était efficace comme traitement préventif ou non. (Lire l’article Les multiples facettes de la migraine). La vitamine B2 permettrait donc de contrer les conséquences métaboliques de certaines variations du génome mitochondrial qui participent à augmenter la susceptibilité à la migraine.

Le glutamate, un acteur clef dans la migraine avec aura

Un autre volet des travaux de l’Unité de Recherche sur les Céphalées s’effectue dans le cadre du International Headache Genetics Consortium auquel participent plus de 40 centres de recherche dans le monde. Ensemble, les différentes équipes de chercheurs ont réussi à rassembler les données génétiques de dizaines de milliers d’individus contrôles et migraineux.

A partir de cette base de données gigantesque, les scientifiques tentent de déceler les variants génétiques communs chez les personnes présentant des migraines ou un certain type de migraine. Ils ont ainsi mis le doigt, en 2010, sur le premier lien génétique irréfutable pour la migraine avec aura (lire l’article Un premier facteur génétique de la migraine « commune »). Il s’agit d’une région intergénétique, située sur le chromosome 8, qui code pour une protéine exprimée au sein des astrocytes, les cellules gliales chargées de la recapture du glutamate au niveau des synapses. La protéine en question capte et recycle le glutamate pour éviter que celui-ci ne s’accumule au niveau des fentes synaptiques. En effet, un excès de glutamate entre les cellules nerveuses peut entraîner des effets pathologiques tels qu’une hyperexcitabilité neuronale. Publiés dans la revue Nature Genetics (2), les résultats de cette étude ont amené les chercheurs à poser l’hypothèse suivante : l’anomalie génétique repérée sur le chromosome 8 serait-elle à l’origine d’un défaut de régulation de la concentration en glutamate au niveau des synapses, provoquant ainsi une excitabilité accrue du cerveau des migraineux ? 

Une maladie neuro-vasculaire

Aujourd’hui, les scientifiques du International Headache Genetics Consortium publient une nouvelle étude dans Nature Genetics (3). « Plus de 500.000 marqueurs ont été testés au sein du génome de 5000 individus sujets à la migraine sans aura ayant accepté de donner un échantillon de leur ADN pour cette étude. Notre équipe a procuré 10% de ces échantillons et je tiens ici à remercier les patients pour leur collaboration », indique Jean Schoenen. 

Marqueurs-généntiqueLes chercheurs ont cette fois mis au jour deux gènes (MEF2D et TGFBR2) significativement impliqués dans la migraine sans aura, la forme de migraine la plus répandue au sein de la population. « Cette étude a également permis de confirmer l’implication dans cette même forme de migraine de deux gènes, LRP1 et TRPM8, découverts par une équipe américaine dans une précédente étude portant sur la migraine en général », précise Jean Schoenen.  Ainsi, quatre régions génétiques participant à la susceptibilité à la migraine sans aura sont désormais identifiées. C’est la première fois que des facteurs génétiques directement et spécifiquement associés à ce type de migraine sont décelés au sein du génome.

(2)  Anttila, V., et al. Genome-wide association study of migraine implicates a common susceptibility variant on 8q22.1. Nature Genetics 2010 ; 42(10):869-73 Epub 2010 Aug 29
(3) Freilinger, T et al. Genome-wide association analysis identifies susceptibility loci for migraine without aura. Nature Genetics 2012; 44(7):777-82 Available online at doi: 10.1038/

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