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Tumeurs de l’hypophyse: la chasse aux gènes est ouverte !
01/03/2011

« Au même moment est parue une étude effectuée par des chercheurs finlandais. Elle décrivait un nouveau gène de prédisposition aux adénomes hypophysaires : l’AIP, Aryl Hydrocarbon Receptor-Interacting Protein », explique le scientifique. « Ils avaient mis en évidence des mutations de ce gène chez certaines familles dont des membres étaient atteints d’acromégalie et de prolactinome », poursuit-il. Sans tarder, Albert Beckers décide alors d’étudier si des mutations de ce gène sont également présentent chez les membres des familles sujettes au FIPA. Conclusion : « Nous avons trouvé des mutations du gène AIP chez 15% de ces patients et nous avons découvert 9 nouvelles mutations de ce gène », révèle Albert Beckers. L’article scientifique relatif à ces travaux, publié dans JCEM (4), a valu au Professeur et à ses collègues, le « Prix du meilleur article belge de Médecine Interne » pour l’année 2007.

Des gènes de susceptibilité en ligne de mire

Depuis ces découvertes, l’équipe d’Albert Beckers poursuit ses recherches sur les adénomes hypophysaires et ne cesse d’approfondir les connaissances sur ces pathologies. Le chef de service d’Endocrinologie du CHU de Liège vient d’ailleurs de publier les  résultats d’une étude internationale qu’il a dirigée (5). Cette étude porte sur les caractéristiques cliniques des adénomes hypophysaires chez les personnes porteuses d’une version mutée du gène AIP. « Elles sont différentes des caractéristiques cliniques des adénomes qui apparaissent lors d’une néoplasie endocrinienne multiple de type-1 car les patients sont plus fréquemment atteints d’acromégalie et de gigantisme et nettement moins de prolactinome », précise Albert Beckers. De plus, en comparant les patients atteints d’adénomes hypophysaires qui portent une mutation sur le gène AIP à ceux ne présentant pas cette mutation, l’endocrinologue s’est aperçu que les premiers étaient plus jeunes au moment du diagnostic de la maladie (environ 20 ans au lieu de 40 ans), que le diamètre de leur tumeur est plus important et qu’ils répondent moins bien aux traitements. « De même si on regarde les adénomes hypophysaires particulièrement agressifs, on voit que la fréquence des mutations au niveau du gène AIP chez les patients qui en sont atteints est grande », continue le Professeur.

Actuellement sur la trace de nouveaux gènes de prédisposition aux adénomes hypophysaires, Albert Beckers travaille en collaboration avec le Professeur Michel Georges qui dirige l’Unité de Génomique Animale de l’ULg. « Nous travaillons avec des patients d’une famille ne présentant pas de mutation sur le gène AIP dans l’espoir de découvrir un autre gène de prédisposition aux adénome hypophysaire chez cette famille là », indique Albert Beckers. Pour ce faire, les scientifiques ont d’abord localisé des régions de prédisposition et réalisent maintenant des séquençages complets du génome de de la famille et comparent ces génomes. « Il faut repérer les régions communes aux patients atteints. Dans ce cas-ci on parle d’environ 120 gènes candidats ». Il reste donc une importante liste de gènes à « tester » afin de mettre le doigt sur celui ou ceux qui sont impliqués dans l’apparition des adénomes hypophysaires. Actuellement, de nouvelles études de séquençage de génomes sont en cours. Albert Beckers et son équipe ont déjà pu éliminer certains de ces gènes candidats et sont sur une piste prometteuse pour découvrir un nouveau gène de prédisposition à ces tumeurs…

 

(4) A.F. Daly, J-F Vanbellinghen, S.K. Khoo, M-L. Jaffrain-Rea, L. Naves, M.A. Guitelman, A. Murat, P.   Emy, A-P.Gimenez-Roqueplo, G. Tamburrano, G. Raverot, A. Barlier, W. de Herder, A. Penfornis, E. Ciccarelli, B. Estour, P. Lecomte, B. Gatta, O. Chabre, M-I. Sabate, X. Bertagna, N. Garcia Basavilbaso, G. Stalldecker, A. Colao, P. Ferolla, H-L. Wemeau, P. Caron, J-L. Sadoul, A. Oneto, F. Archambaud, A. Calender, O. Sinilnikova, C. Montanana, F. Cavagnini, V. Hana, A. Solano, D. Delettieres, D.C. Luccio-Camelo, A. Basso, V. Rohmer, T. Brue, V. Bours, B. Tean Teh and A. Beckers. Aryl Hydrocarbon Receptor Interacting Protein Gene Mutations in Familial Isolated. Pituitary Adenomas : Analysis in 73 families. J. Clin. Endocrinol. Metab, 92(5):1891-1896, 2007. Doi : 10.1210/ jc.2006-2513.
(5) Adrian F. Daly1, Maria A. Tichomirowa1, Patrick Petrossians1, Elina Heliövaara, Marie-Lise Jaffrain-Rea, Anne Barlier, Luciana A. Naves, Tapani Ebeling, Auli Karhu, Antti Raappana, Laure Cazabat, Ernesto De Menis, Carmen Fajardo Montañana, Gerald Raverot, Robert J. Weil, Timo Sane, Dominique Maiter, Sebastian Neggers, Maria Yaneva, Antoine Tabarin, Elisa Verrua, Eija Eloranta, Arnaud Murat, Outi Vierimaa, Pasi I. Salmela, Philippe Emy, Rodrigo A. Toledo, Maria Isabel Sabaté, Chiara Villa, Marc Popelier, Roberto Salvatori, Juliet Jennings, Ángel Ferrandez Longás, José Ignacio Labarta Aizpún, Marianthi Georgitsi, Ralf Paschke, Cristina Ronchi, Matti Valimaki, Carola Saloranta, Wouter De Herder, Renato Cozzi, Mirtha Guitelman, Flavia Magri, Maria Stefania Lagonigro, Georges Halaby, Vinciane Corman, Marie-Thérèse Hagelstein, Jean-François Vanbellinghen, Gustavo Barcelos Barra, Anne-Paule Gimenez-Roqueplo, Fergus J. Cameron, Françoise Borson-Chazot, Ian Holdaway, Sergio P. A. Toledo, Günter K. Stalla, Anna Spada, Sabina Zacharieva, Jerome Bertherat, Thierry Brue, Vincent Bours, Philippe Chanson, Lauri A. Aaltonen and Albert Beckers. Clinical Characteristics and Therapeutic Responses in Patients with Germ-Line AIP Mutations and Pituitary Adenomas: An International Collaborative Study. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism Vol. 95, No. 11 E373-E383.

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