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Akhénaton revisité
17/05/2010

«L’exceptionnelle popularité d’Akhénaton et la diversité de ses réinterprétations romanesques rappellent à l’égyptologue son devoir sociétal primordial, tempère Dimitri Laboury, maître de recherches du FNRS à l’Université de Liège : diffuser auprès du plus large public les connaissances relatives à l’Égypte ancienne qu’il est aujourd’hui possible d’établir par une démarche scientifique.» En faisant clairement la part des choses entre ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas. En veillant à distinguer les certitudes de ce qui est seulement probable, vraisemblable, plausible... ou incertain, indémontrable, hypothétique, voire simplement séduisant. C’est le précepte que l’auteur s’est efforcé de respecter dans la biographie qu’il vient de publier chez Pygmalion.

Confrontation 2 visages

La nouvelle théologie solaire

Enfant tardif du pharaon Amenhotep III et de la reine Tiy, le prince Amenhotep, futur Akhenaton, a vu le jour lors d’une des périodes les plus fastueuses de l’Égypte antique : jamais le pays n’avait été plus riche et plus puissant que pendant le règne de son père (+/- 1391-1353). Vers 1352 av. J.-C., sans doute encore adolescent, il monte sur le trône d’un pays où la distinction moderne entre pouvoir politique et religion n’a aucun sens, puisque Pharaon y est perçu comme un dieu, progéniture terrestre des divinités. Mais, depuis les réformes initiées par Amenhotep III, chaque divinité du panthéon est de plus en plus considérée comme une manifestation particulière du dieu suprême, que le soleil «incarne» depuis l’aube de la civilisation pharaonique, pour des raisons évidentes liées au biotope égyptien. Ainsi émerge un dieu omnipotent et supérieur aux autres, qui, sans le dissoudre, structure tout le panthéon comme une émanation ramifiée de sa puissance. Sous Amenhotep III, l’Égyptien commence à penser son rapport au monde dans une perspective influencée par le nouveau statut impérial de sa civilisation, qui semble dominer le monde connu. Cette mutation profonde a fait du règne d’Amenhotep III une période de véritable effervescence intellectuelle et religieuse, où les paradigmes ancestraux de la pensée pharaonique commencent à être remis en question, notamment dans leur représentation polythéiste du monde.

Amenhotep IV (Akhenaton) va radicaliser la «nouvelle théologie solaire» dessinée par son père. Sa politique religieuse évolue par étapes, au cours desquelles il multiplie les innovations qui accentuent la dimension royale et exclusive du dieu tutélaire de son pouvoir. En commençant par mettre en exergue le caractère vivant de la divinité, désormais représentée sous la forme d’un simple disque lumineux dont les rayons, tournés vers le sol, se terminent par des mains qui prennent soin du roi et des membres de sa famille. L’appellation du dieu soleil peut dorénavant être résumée en «Aton», «l’astre solaire». C’est en l’an 4 de son règne qu’Amenhotep IV s’unit à Néfertiti et commence à penser à sa descendance.

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