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Une vie au fil des jours
23/04/2010

La vie intime

On l'a dit, le Journal ne fourmille pas de notes intimistes. Ici et là, le lecteur percevra des tensions familiales, des désapprobations quant à la conduite de l'un ou l'autre. Mais sans plus. Par contre, Michel Edmond de Selys laisse bien davantage transparaître son souci de l'éducation et de la santé de ses enfants. Lorsque l'un d'eux vient à être malade, il s'en inquiète, consulte les grands noms de la faculté de médecine, note scrupuleusement les traitements. Il est aussi très préoccupé par la mort, dont la présence dans le Journal s'intensifie à la suite du décès de sa fille cadette en 1852. Il trouvera un exutoire à sa peine dans le travail scientifique et politique mais certainement pas dans la religion. Libéral, Michel Edmond ne rejette pas la foi catholique ni la pratique religieuse. Mais il n'accorde pas une place centrale à la religion ni à la foi. On sent qu'il s'agit là plus de convenance que d'adhésion réelle. Plutôt anti-clérical, il ne fait pas entrer la religion en ligne de compte dans ses relations sociales ni même dans les unions matrimoniales. «Ses notes, souligne Nicole Caulier-Mathy, laissent nettement percevoir le déclin de la religion à travers tout le XIXème siècle; la laïcité gagne du terrain dans la société.»

Chateau de Longchamps

Gentilhomme provincial

C'est peut-être l'aspect du Journal qui ravira le plus les lecteurs non professionnels: les innombrables informations qu'il apporte sur la vie quotidienne de la «bonne» société tout au long du XIXème siècle. Le lecteur n'ignore ainsi plus rien des concerts, pièces de théâtres, bals et réceptions qui se succèdent tout au long de l'année. Lieux de rencontre, c'est là que se nouent les projets d'union, les réseaux. L'hiver, c'est Liège qui en est l'épicentre. Dès le printemps, les festivités gagnent des lieux plus champêtres surtout au fur et à mesure de la progression des lignes de chemin de fer. Car le Journal sert même à cela: nous renseigner sur les progrès des communications, toujours scrupuleusement notés par l'auteur. L'été, les châteaux campagnards abritent les réunions (la saison commence souvent par une chasse aux corbeaux!) avant de se retrouver dans les stations thermales à la mode en France ou en Allemagne. Puis c'est la saison des chasses. Michel Edmond note les habitudes, les coutumes, mais aussi les noms. Le lecteur peut ainsi suivre les membres de la famille dans leurs déplacements (très nombreux: nous pensons être très mobiles aujourd'hui, mais ces ancêtres pourraient nous en remontrer sur le sujet!), déceler les amis proches, les connaissances plus occasionnelles. Et se rendre compte de l'importance de plus en plus grande du fait «Belgique» dans les esprits. Car si l'essentiel des activités et des connaissances de Michel Edmond sont principautaires, le Journal montre bien que, petit à petit, Bruxelles supplante Liège comme capitale.


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