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Une vie au fil des jours
23/04/2010

La vie scientifique

La vocation de Michel Edmond apparaît très tôt, dès 1824 semble-t-il.  Son journal rend compte des observations qu'il effectue; de 1841 à 1846, on retrouve ainsi à la fin de chaque mois l'éphéméride des oiseaux et insectes aperçus; par la suite de telles observations se retrouvent souvent en note, mais l'essentiel de ses observations et conclusions doit être lu non dans son journal mais dans ses écrits scientifiques. Au niveau scientifique, l'intérêt du journal est ailleurs: il montre comment se faisait la science dans un domaine précis, dans une ville de province, mais dotée d'une université en plein développement.

Le lecteur découvre ainsi le fonctionnement de réseaux qui se mettent en place en dehors des sociétés savantes et de l'Académie. Michel Edmond invite chez lui, pour des déjeuners-causeries dirions-nous aujourd'hui, les scientifiques liégeois, surtout ceux rattachés aux facultés des sciences et de médecine, leur offrant ainsi la possibilité d'échanger des idées en dehors du cadre académique. On peut également suivre dans son Journal le développement de la recherche zoologique mais de manière purement factuelle, serait-on tenté d'écrire. «On peut s'étonner, notent les deux éditrices du Journal, qu'il ne mentionne jamais les théories de Darwin par exemple. Cela touche pourtant de près ses activités de scientifique et c'est un sujet débattu à son époque. On ignore ce qu'il pense de l'évolutionnisme.» Au fil des pages, on voit grandir la réputation de Michel Edmond: les sociétés savantes étrangères lui réservent une place, il est souvent appelé hors de nos frontières pour ordonner et classifier des collections d'insectes. Lui-même possède une superbe collection d'oiseaux et d'insectes (aujourd'hui au Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles), que des chercheurs étrangers viennent étudier.

EM de Selys Longchamps

L'homme libéral

Le Journal laisse clairement apparaître que l'action politique de Michel Edmond de Selys n'est pas un passe-temps d'homme fortuné qu'il pratique en dilettante. Son engagement  dans sa commune de Waremme, à la Province de Liège, au Sénat et au sein du parti libéral est réel. Il est assidu aux séances; il intervient pour défendre sa circonscription rurale et la recherche scientifique. Contrairement à ce que le lecteur d'aujourd'hui pourrait penser, son élection ne va pas toujours de soi. Même s'il est un notable connu, fortuné et que le vote, à l'époque, est censitaire, il doit souvent se battre pour être élu. Son journal témoigne de ses campagnes électorales qu'on est tenté de qualifier de «campagnes à l'américaine»! Il doit faire du porte à porte accompagné d'un membre local du parti, convaincre chaque électeur. Mais, comme pour sa vie de scientifique, l'auteur ne se livre presque jamais à des commentaires. Il relate des faits, avec une précision parfois exaspérante («pris le train de telle heure pour me rendre à X; le trajet a duré x heures…» est une notation qui revient souvent!), dresse la liste des interventions, des membres des assemblées, des sujets abordés lors des séances, etc. mais on ignore presque toujours ce qu'il pense des grandes questions du moment. Une exception: à l'indépendance de la Belgique, le jeune Michel Edmond, francophile et imprégné de l'idéal des lumières, n'est guère favorable à l'établissement de la monarchie des Saxe-Cobourg. Mais si l'on sait qu'il se précipite à Paris en 1848 pour humer l'air de la révolution, il ne dit rien de ce qu'il en pense vraiment!

 


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