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Les relations belgo-allemandes de 1944 à 1958
27/11/2009

L’Administration militaire belge (AMB)

Général PironSi, avant 1949, la question des frontières entre la Belgique et l’Allemagne ressortait de la responsabilité exclusive des Alliés, elle deviendra, après cette date, un objet des relations bilatérales entre la Belgique et la RFA. C’est dans ce contexte que le 23 avril 1949, une Administration militaire belge est mise en place, dont le siège est situé à Eupen. L’on a vu que les 4000 Allemands des enclaves de Rötgen et de Mützenich n’avaient finalement pas rejoint le giron belge ; pourtant, un millier d’entre eux, habitants des villages de Bildchen, Losheim et Hemmeres, seront bien placés sous administration belge, sans pour autant que ne leur soit imposée l’obligation de prendre la nationalité belge. Dès l’année suivante, le climat est à la négociation avec les Allemands, une détente qui est facilité par deux éléments : l’un, lié au contexte général, est l’ancrage de l’Europe dans son ensemble dans une guerre froide qui est déjà bien installée à ce moment ; l’autre est l’accréditation par la Belgique d’un ambassadeur allemand. La Belgique est en effet le premier pays, avec le Danemark, à réinstaurer des relations diplomatiques avec la jeune République fédérale. «A l’analyse des sondages de l’époque, précise Christoph Brüll, l’on constate une très grande méfiance des populations ayant subi le joug allemand, mais dès 1950 et la guerre en Corée, la tendance s’adoucit, en dépit de certaines caricatures parues dans la presse, dont le «Pourquoi Pas ?» par exemple qui, à l’occasion de l’arrivée du nouvel ambassadeur allemand en Belgique n’hésite pas à titrer ironiquement «Ils sont revenus !»

Au plan diplomatique, les années 1944-1947 constituent une véritable charnière pour la Belgique. Les Britanniques refusent en effet aux Belges – qui composent pourtant un tiers des troupes alliées stationnées en Allemagne - un secteur d’occupation le long de leurs frontières, ce qui était leur vœux affirmé, et leur imposent une zone d’occupation éloignée, s’étendant jusqu’en Westphalie à 200 kilomètres à l’est du Rhin. Une catastrophe pour la Belgique, qui réalise pour la première fois que sa voix n’est plus prise en compte et qu’elle n’est plus en mesure d’imposer ses vues. Ce constat amer, les Britanniques, épuisés par 5 années de guerre et dont l’économie est exsangue, le feront en 1948 quand ils comprendront à leur tour que le centre de gravité de la politique étrangère belge a migré clairement de Londres vers Washington…

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