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Les relations belgo-allemandes de 1944 à 1958
27/11/2009

Sans être majoritaire et encore moins populaire, le courant annexionniste n’en était pas pour autant négligeable et fit entendre sa voix, au moins jusqu’en 1948. C’est cette année en effet que les gouvernements du Benelux participent à la Conférence de Londres sur l’avenir de l’Allemagne et au cours de laquelle sera décidée la création d’un nouvel Etat de l’Ouest : la République fédérale d’Allemagne, qui verra officiellement le jour en mai 1949. «Mais, poursuit Christoph Brüll, cette conférence fut aussi l’occasion de créer un groupe de travail secret sur les revendications des pays du Benelux et la frontière occidentale de l’Allemagne. Et au printemps 1949, les doléances belges sont acceptées. Cependant, on réalise à ce moment que le chemin de fer n’est absolument pas rentable, ce qui fait sensiblement évoluer la position belge. Et, début avril 1949, le gouvernement belge décide finalement avec l’accord des Alliés de renoncer à l’annexion des deux enclaves … En présentant très intelligemment ce retrait comme un geste de réconciliation et d’inspiration européenne. Notons que cette position était également motivée, dans le chef des Alliés, par le souci de ne plus amputer le territoire allemand et, en ce qui concerne les Belges, par les réticences liées à la contrainte d’un vote du parlement pour enregistrer toute modification des frontières. Toujours est-il que le geste belge est un véritable succès diplomatique et forge l’image «européenne» du ministre des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak, qui sortira grandi de l’aventure. Pour la petite histoire, les habitants de ces deux enclaves – quelque 3800 Allemands à peine répartis sur 35 kilomètres carrés – auraient préféré, pour des raisons purement économiques, se voir rattachés à la Belgique. Quelques années plus tard, le redémarrage économique de l’Allemagne leur fera oublier cet espoir déçu…»

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Par ailleurs, les recherches de Christoph Brüll ont permis de mettre en lumière que beaucoup d’exactions ont été commises par les troupes belges stationnées en Allemagne. Si elles ne sont probablement pas le seul fait des Belges, ces exactions trouvent leur explication dans la composition même de l’armée belge, à l’époque composée de volontaires, dont la volonté d’en découdre avec les Allemands est patente. En outre, la chasse aux collaborateurs réfugiés sur le sol allemand et la recherche par certaines familles de leurs membres disparus concourent à cette inflation de violence. Cependant, note le chercheur, après 1947, la situation s’améliore nettement en raison principalement de la transformation progressive de l’armée belge en une armée de conscrits, qui multiplient, souvent contre la volonté déclarée du Ministère de la Défense nationale, les «échanges» (participation aux fêtes locales, marché noir, depuis 1951 les mariages etc.) avec les populations locales.

Paul-Henri Spaak, quant à lui, estime que l’intégration de l’Allemagne dans l’Europe est absolument capitale pour des raisons de sécurité : il transforme alors la méfiance ambiante en une nécessité de rapprochement des Etats au sein de l’Europe occidentale. En écho du côté allemand, le chancelier Adenauer manoeuvrera activement aussi pour asseoir son pays dans le concert des nations modernes, pacifier les relations avec les voisins et ancrer pleinement – et définitivement – l’Allemagne au sein du «camp occidental» et de l’Europe émergeante.

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