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Les courants profonds, cherfs d'orchestre des abysses

La presse scientifique a beaucoup parlé de l’influence des courants marins de surface. Ceux-ci sont directement alimentés par les courants profonds. Pourquoi ces derniers demeurent-ils moins connus du grand public, comment les comprendre, quelles sont les différences entre les deux formes de courants ? Plongée au fin fond des océans.

«Il est plus difficile de faire comprendre aux gens l’impact de la circulation profonde sur le climat par rapport aux courants superficiels qui ont une influence directe, comme par exemple la différence de température entre le Nord de l’Amérique et l’Europe,» commente Nathalie Fagel. Pourtant, les courants s’alimentent tous l’un l’autre et font partie d’un circuit qui brasse l’ensemble des océans du monde. Ce que les scientifiques appellent la circulation thermohaline. En effet, la densité et donc la profondeur à laquelle vont se trouver des masses d’eaux, dépend de leur température et de leur teneur en sel. Plus une eau est froide et salée, plus elle va plonger en profondeur. A l’inverse, plus une eau est chaude et douce, plus elle va remonter à la surface.

circulation thermohaline

Les zones de formation des deux courants marins profonds se trouvent donc proches des pôles, où les températures sont les plus basses. Le courant profond Nord Atlantique (NADW) se forme au large de Terre Neuve, et les eaux antarctique de fond dans la Mer de Weddell. La topographie du fond marin et la rotation de la terre influencent la direction de ces courants. Comme le précise Nathalie Fagel, «ces deux zones de courant profond vont ventiler l’ensemble des océans du monde. On imagine la circulation océanique comme un tapis roulant. Au fil de leur histoire, de leur évolution, ces courants vont se réchauffer et engendrer les courants de surface qui vont retourner vers l’Atlantique Nord et vers l’Océan austral, au point de départ, se refroidir, replonger, et ainsi de suite. Il y a donc un lien direct entre les courants marins profonds et les courants marins de surface.» Notons toutefois que l’influence des variations des courants se mesure sur une échelle temporelle beaucoup plus longue que celle d’une vie humaine. Ce qu’on appelle le temps de mélange (pour comprendre, prenons l’image d’une goute d’eau qui emprunterait les courants du monde entier avant de revenir à son point de départ) dure actuellement entre 1000 et 1500 ans.

 


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