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CORSICA - La quête en Corse belge

 

STARESO


Un reportage de Bruno Fella en Corse pour La Libre Belgique
(Edition du 14 octobre 2009 - Page 2) - Photos : Bruno Fella

Le soleil écrase déjà la station océanographique de l'ULg. 8h15, Anne Goffart rassemble de jeunes volontaires pour une escapade en mer, à la pêche au plancton. La scientifique connaît bien la station. Elle la fréquente depuis sa première candi, il y a trente ans. Aujourd'hui, elle s'occupe de la coordination Stareso-ULg. "Ici, on fait de la recherche en biologie marine et en océanographie. La station ici est un outil unique. C'est la seule station en Corse et la seule station où l'on a accès à l'eau comme ça. Dans de grosses stations comme Nice ou Naples, il faut programmer les sorties un an à l'avance… Ici, s'il y a un phénomène intéressant qui se déclare le matin, on a vraiment la possibilité d'être une heure après à l'eau. On met notre combi de plongée, on monte sur le bateau et on va échantillonner. Une caractéristique du lieu, c'est qu'il est très peu soumis à l'activité humaine, c'est un milieu qui est très préservé. Pas d'agriculture intensive, de grands apports fluviaux, pas de route… Ce qui fait que les variations que l'on observe ici sont maintenant clairement mises en relation avec des variations climatiques. C'est pour ça que la baie de Calvi est considérée comme site de référence pour l'étude de l'impact des changements climatiques.”

Dans ce cadre idyllique, la station accueille cette fois-ci des élèves de rhéto. Deux classes, l'une de l'athénée Léonie de Waha de Liège, l'autre de l'institut Saint-François-Xavier de Verviers, ont gagné ex aequo le concours Corsica lancé l'année passée par l'université de Liège. Premier prix : un séjour d'une semaine dans la station océanographique corse Stareso. Le but n'est pas de leur remplir la tête de théorie, mais de leur faire expérimenter, toucher le milieu.

Lauréats
Photo de famille des lauréats de la première edition du Concours Corsica


"On accueille aussi des étudiants dans le cadre de stages de master, des étudiants de l'université de Liège, mais également d'universités étrangères, précise Anne Goffart. La station marche tout le temps. Ça fonctionne comme un bateau de recherche océanographique. Les équipes viennent avec leur équipement et travaillent sur leur projet, puis repartent.”

Après la prise d'échantillons, les quelques volontaires descendent du bateau. Des élèves s'apprêtent à plonger à la découverte d'algues avec Vincent Demoulin, professeur à l'ULg. Son confrère Jean-Pierre Thomé va, lui, s'entretenir d'énergie renouvelable avec un autre groupe. La récolte de planctons encore tout frétillants sera, elle, analysée au labo par des jeunes filles avec des microscopes à 25 000 € sous l'œil patient du professeur Jean-Henri Hecq. "Ici, chacun a une thématique personnelle. Moi, c'est le zooplancton avec sa modélisation, ses interactions, etc. Anne Goffert est plus orientée vers les végétaux, les sels nutritifs et l'hydrologie. Sylvie Gobert, elle, travaille sur le fond de la mer, les herbiers de posidonies, et ainsi de suite.”

Les plongeurs reviennent. Un petit bobo pour la demoiselle qui ne portait pas de combinaison, une coupure qui dégouline sur le quai… La cloche sonne le repas de midi. L'occasion pour certains de recharger leurs batteries en cochonnailles corses avant une promenade sous un soleil de plomb à la découverte du maquis. D'autres planchent déjà sur leur dernier devoir, échanger leurs idées, préparer le débriefing du lendemain matin, le dernier jour. Mais on est encore loin des salles de classe.

Pour Lucile, Lena, Zoé, Florence et Melissa, autant joindre l'utile à l'agréable et rentrer cuivre ou écrevisse en Belgique. Serviette éponge, maillot deux pièces et stylo-bille, les Liégeoises préparent leur intervention. "On a fait plein de trucs, découvert une floppée de nouvelles choses, s'enthousiasme Florence. Moi, je n'avais jamais fait de plongée, été sur un bateau ni rien… On a découvert du matériel qu'on n'aurait jamais pu connaître. On a fait plein d'expériences, beaucoup de pratique.” "Et puis, les professeurs sont très à l'écoute, très présents”, enchaîne Lucile. Les élèves ne verront plus la mer comme avant. "On a beaucoup appris : les forces, les mouvements sur l'océan… Enfin, moi, je ne pouvais pas m'imaginer que l'on pouvait manipuler de la physique sur l'océan. Pour moi, l'océan, c'était juste de l'eau.” explique Zoé. Et Florence de continuer : "Il y a tant de choses à étudier dans l'océan. C'est si diversifié… Il y a plein de choses que l'on ne connaît pas et dont on ne parle jamais. Parce que, sur la terre, c'est facile, on voit un chat : c'est un chat; mais, dans la mer, je ne pouvais pas m'imaginer qu'il y avait des petites bébêtes partout.”

Le soleil lentement se couche sur le phare de la Revelatta qui surplombe la station. Les élèves nostalgiques l'immortalisent. Déjà résonne la cloche du dernier repas du soir. Là, et las, pour certains marcheurs, se consument les dernières braises de feu l'opération Corsica. Discours, toast saluent la semaine écoulée. Un peu à l'écart, sur le quai déserté, une grande gueule – il en "faut” toujours dans une classe – apostrophe Jean-Henri Hecq : "Vous refaites un concours cette année, pour qu'on le gagne à nouveau ? Comme ça, on pourra revenir !” Le professeur, prosaïque, l'invite à faire des études d'océanographie à l'ULg. Demain est un autre jour, un autre pays : plat.

 
 

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Station liégeoise

Située au nord-ouest de la Corse, c'est au bout d'une piste de roches que Stareso (Station de recherches sous-marines et océanographiques) baigne dans les eaux de la baie de Calvi. Cet outil précieux a été voulu par le recteur de l'ULg Maurice Dubuisson, passionné par l'océanographie. Achevé en 1971, le centre s'intègre parfaitement au paysage heurté et granitique de la côte, grâce au crayon de l'architecte Claude Strebelle. Des logements, notamment dans le phare surplombant la station, un labo sec, un labo humide, un "port” protégé, des combinaisons de plongée… Stareso est bien équipée.

La S.A. Stareso a été créée en 1988. Une association originale public-privé entre l'université de Liège, propriétaire de la station, et Gérard Bonifacio.

Aujourd'hui, Stareso se partage entre des activités de recherche par l'ULg et d'autres universités, des travaux d'expertise menés par Stareso S.A. qui répond aux demandes des collectivités corses et des projets conjoints ULg-Stareso S.A., où les universitaires apportent leur caution scientifique.



























































 

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