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La potion de jouvence du thymus
01/09/2009

Doper l’immunité ?

Avec la collaboration des services d’Hématologie (Drs Yves Beguin et Frédéric Baron) et d’Immunologie (Dr Michel Moutschen) du CHU de Liège ainsi que du département de virologie de l’Institut Pasteur de Paris (Dr Rémi Cheynier), l’équipe du Professeur Geenen a pu tirer des conclusions et émettre de nouvelles hypothèses quant aux relations qui existent entre l’hormone de croissance et l’activité du thymus. Les chercheurs ont en effet observé chez les patients que l’arrêt du traitement à l’hormone de croissance donnait lieu à une chute attendue du taux d’IGF-1 qui dépend de cette hormone mais également à une très nette réduction de la thymopoïèse et de la prolifération intrathymique des précurseurs des lymphocytes T. «Si on regarde au niveau des TRECs, on voit qu’ils chutent lors de l’arrêt du traitement et ce en parfaite corrélation avec la réduction du taux d’IGF-1. Un mois après réintroduction du traitement, tous ces paramètres sont quasiment revenus aux niveaux mesurés avant l’interruption des injections d’hormone de croissance», explique Vincent Geenen. Le maintien de la production de lymphocytes T par le thymus chez l’adulte est donc lié à l’hormone de croissance. «Et c’est probablement plus l’IGF-1 qui est importante pour la production des lymphocytes T», poursuit le Professeur.

La prochaine étape pour les scientifiques sera de tenter de voir in vitro quelles sont les cellules qui sont primordiales pour le fonctionnement du thymus. «Il y a sans doute une production d’IGF-1 au sein même du thymus mais un doute subsiste quant à la nature précise des cellules qui produisent ce facteur de croissance», indique Vincent Geenen.

De plus, les chercheurs envisagent de lancer une étude pour déterminer s’il serait possible, sur base de ces nouvelles connaissances en la matière, d’améliorer la réponse immunitaire aux vaccins des personnes âgées ou encore de renforcer les défenses immunitaires des patients immunodéficients. «Les séances de chimiothérapie, par exemple, détruisent le système immunitaire qui se régénère ensuite très lentement. Il serait intéressant de voir si dans ce cas, un traitement à l’hormone de croissance pourrait permettre une accélération de cette régénérescence en augmentant la production des lymphocytes T», suggère Vincent Geenen.

Mais ce dernier met en garde contre une mauvaise interprétation des récents résultats de son équipe : «Ce serait dommage que cet article serve à certains médecins charlatans qui disent que l’hormone de croissance est une hormone anti-âge et qu’elle améliore les fonctions immunitaires. C’est faux. Notre étude montre uniquement, chez des patients avec une déficience en hormone de croissance bien documentée, qu’une diminution du taux de l’hormone de croissance a une influence sur l’efficacité de certaines fonctions immunitaires».

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