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Les origines du cancer du col de l’utérus
20/08/2012

Les mystères des métaplasies

« Par contre, continue-t-il, cela nous intéresse de comprendre ce qui se passe à la période d’adolescence dans cette zone-là. Comme les deux types histologiques de cancers du col expriment ces marqueurs, nous soupçonnons qu’à un moment donné, ils ont une histoire commune. Notre idée est que ces cellules sont multipotentes et qu’elles peuvent donner tant des cellules glandulaires que des cellules épidermoïdes. Elles pourraient donc bien être des cellules souches (ou progénitrices) servant de précurseur aux deux types de muqueuses qui se trouvent de part et d’autre de la jonction, la muqueuse vaginale épidermoïde et la muqueuse glandulaire de l’utérus. »

Pour les pathologistes, les jonctions entre deux tissus de revêtement sont des zones particulièrement excitantes « car il s’y passe toujours des choses ». Des jonctions comme celles entre col utérin et vagin, entre anus et rectum, entre œsophage et estomac ou encore au niveau de l’oro-pharynx [où se rejoignent le muqueuse de la bouche (épithélium épidermoïde) et la muqueuse respiratoire de la trachée], présentent des phénomènes de métaplasie… et sont particulièrement propices au développement de cancers. « Jusqu’à présent on s’est contenté d’expliquer cela par l’inflammation qui, c’est sûr, joue un rôle favorisant, mais cette explication est un peu courte, souligne Michaël Herfs. Ce qui est très intriguant, c’est qu’après l’article de Wang (sur l’œsophage de Barrett*) et le nôtre, nous venons également de mettre en évidence des cellules de jonction semblables à celles du col utérin à la jonction ano-rectale. Quant à l’oro-pharynx, il est beaucoup plus difficile d’en obtenir des biopsies mais potentiellement, je crois qu’il y en a là aussi, et qu’elles pourraient être reliées aux cancers tête et cou. »

Intéressant en effet : les cancers de l’anus et de l’oro-pharynx sont aujourd’hui en nette augmentation chez les jeunes, une progression que l’on attribue à la banalisation de certaines pratiques sexuelles qu’une morale plus stricte maintenait jadis au rayon des excentricités… Pratiques qui se doublent fort logiquement de l’apparition d’infections à HPV dans ces zones moins fréquentées jadis par cette famille de virus. Il n’est donc pas interdit de penser que les découvertes de notre jeune chercheur sont encore promises à de beaux développements.

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* dans le cas de la cancérisation d’un œsophage de Barrett, il n’y a pas d’infection par HPV. L’agent déclencheur est probablement le pH acide de l’estomac qui induit la transformation métaplasique.

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