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Pourquoi ne pas «libérer» notre ordinateur ?

Carte blanche aux jeunes chercheurs parue dans le journal "Le Soir" du 27 août 2008
par 
Christophe Lejeune (Institut des Sciences Humaines et Sociales)
et Nicolas Mazziotta (Département de Langues et Littératures romanes)
, Chercheurs à l'Université de Liège.


L'informatique fait désormais partie de notre quotidien, si bien que les événements issus du monde des développeurs et des marchands de logiciels se retrouvent régulièrement à la une du Soir. Il est parfois question des nouvelles innovations de Google ou des dernières tractations de Microsoft, parfois des noms de logiciels libres ­ Firefox et OpenOffice ­ apparaissent en gros caractères.

Les logiciels dits «libres» se définissent comme des programmes dont le code source (texte écrit dans un langage technique compréhensible par la machine) est public. Cette ouverture ­ qui fait d'eux une partie du patrimoine intellectuel de l'humanité (et, incidemment, les rend gratuits) ­ constitue leur originalité. C'est sur les plans juridique, social et économique qu'ils se distinguent des logiciels propriétaires, bien plus que sur le plan technique.

Comme chacun d'entre nous, Tom est pour ainsi dire obligé de trouver une place dans le monde de l'informatique. Souvent un peu perdu, il compte sur son voisin, qui «trouve» sur internet les nouvelles versions des logiciels installés sur l'ordinateur lors de son achat : Windows, Outlook, Word, Photoshop. Ce même voisin lui a appris à se servir de ces logiciels et à télécharger de la musique facilement.

Très commune, une telle situation nous apparaît même légitime. Pourtant, la licence qui protège ces logiciels propriétaires en interdit la copie. Les canaux d'échange de logiciels sont ainsi «hors la loi», et rien ne garantit que les versions «trouvées» sur internet soient exemptes de logiciels espions ou de virus. Tom et son voisin se retrouvent en situation d'illégalité et mettent en danger leur ordinateur ainsi que leurs données.

Ayant délibérément créé cette situation, les multinationales n'intentent aucun procès pour l'instant. Elles parient sur le fait que nous optons, par facilité, pour les logiciels installés sur l'ordinateur lors de son achat. De fait, c'est souvent ce qui se produit.

Aucun choix n'est réellement posé par les utilisateurs : le marché choisit pour eux, à la maison et au travail

Pour leur part, les promoteurs des logiciels libres estiment que l'entraide entre voisins ne devrait pas conduire à ce genre de situation. Si le voisin de Tom lui avait installé les logiciels libres Ubuntu (système d'exploitation), Thunderbird (courrier électronique), OpenOffice (traitement de texte, tableur, etc.) et TheGimp (manipulation d'images) au lieu des logiciels propriétaires cités, Tom aurait accès à des fonctionnalités similaires et serait en sécurité.

 

Soucieux de leur probité, de nombreux utilisateurs de logiciels propriétaires payent les droits relatifs à leur utilisation. C'est notamment le cas des PME et des administrations, qui ne seraient pas épargnées par les entreprises détentrices des brevets, mais également de nombreux privés voulant agir en toute légalité.

En définitive, aucun choix n'est donc réellement posé par les utilisateurs : le marché choisit pour eux, d'abord à la maison, puis au travail. De cette manière, les habitudes prises chez soi représentent donc un coût élevé pour l'entreprise et la collectivité. Par ailleurs, avec l'opacité du logiciel propriétaire, rien ne permet de garantir que les données privées ne sont pas envoyées, à l'insu de l'utilisateur, aux multinationales qui les contrôlent. Sans sombrer dans la paranoïa, cette incertitude donne à réfléchir : ces logiciels équipent les ministères, les administrations, l'industrie et les banques ; en recourant à ces logiciels, le secteur privé comme l'administration publique fait implicitement confiance à ces multinationales, pari audacieux, sinon risqué. Et si le logiciel contient une «faille de sécurité», combien de temps faudra-t-il au fabricant pour traiter le problème ?

Dans ce cadre, les logiciels libres ont beaucoup à offrir. Tout d'abord, ils constituent une alternative gratuite, sans obliger notre patron ou nos services publics à verser un tribut à une multinationale. Ensuite, leur ouverture autorise qui le désire à en étudier le code. Les utilisateurs peuvent ainsi se reposer sur une communauté d'experts capables d'évaluer l'honnêteté et la fiabilité de ces logiciels. Transparence en est donc le maître-mot.

Les entreprises ne publient pas des logiciels libres par philanthropie. Elles posent souvent ce choix pour tirer parti du potentiel de la communauté des logiciels libres : le développement de Firefox ou d'OpenOffice est secondé par des milliers de programmeurs dans le monde entier, ce qui ne serait possible qu'à un coût élevé dans un cadre propriétaire. Si une entreprise décide de développer un logiciel libre pour ses besoins internes, cette communauté l'aidera à le perfectionner et proposera des améliorations originales.

En outre, d'un point de vue légal, les logiciels libres sont protégés par des licences qui garantissent leurs vertus fondamentales (ouverture et liberté). Les entreprises qui les promeuvent s'assurent ainsi qu'aucun concurrent ne pourra impunément s'approprier leur travail, en fermer le code ou s'en attribuer la paternité.

Au vu de tous ces avantages, pourquoi ne pas libérer notre ordinateur et choisir les logiciels libres



Des groupes d'entraide près de chez vous : http://wiki.bxlug.be/interlug
Écrire des documents : http://fr.openoffice.org/
Naviguer sur Internet : http://www.mozilla-europe.org/fr/firefox/
Gérer son courrier : http://www.mozilla-europe.org/fr/products/thunderbird/
Chatter : http://www.pidgin.im/
Éditer des images : http://www.gimp-fr.org/ (téléchargement à droite de la page)
Une fois convaincu, remplacer Windows ou MacOSX : http://www.ubuntu-be.org/


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